Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ne se rendra pas lundi soir, comme il l'avait initialement prévu, au match France-Turquie qualificatif pour l'Euro-2020, alors qu'Ankara a lancé une offensive contre des positions kurdes dans le nord-est de la Syrie.
"La présence du ministre était prévue à son agenda, il a décidé de ne pas y aller", a annoncé son entourage à l'AFP.
Les champions du monde français reçoivent les Turcs lundi au stade de France, à Saint-Denis, près de Paris, dans un contexte sportif, sécuritaire et diplomatique sensible.
Le déclenchement mercredi dernier par le président turc Recep Tayyip Erdogan d'une opération militaire dans le nord de la Syrie contre des forces kurdes, qualifiées de terroristes par Ankara mais partenaires de longue date des occidentaux dans la lutte contre les jihadistes du groupe État islamique (EI), a déclenché un tollé international.
La France a dénoncé une "offensive unilatérale" et suspendu ses ventes d'armes vers la Turquie. Et à Paris, plusieurs manifestations en soutien aux Kurdes de Syrie ont déjà eu lieu ce week-end.
Plusieurs politiciens français ont appelé à l'annulation de la rencontre.
"On ne peut décemment accueillir demain au Stade de France ceux qui saluent le massacre de nos alliés kurdes!", a tweeté dimanche soir un député, Jean-Christophe Lagarde (UDI, centre-droit), président du groupe d'études sur les Kurdes à l'Assemblée.
Il évoquait le salut militaire réalisé par les footballeurs turcs pour célébrer leur victoire contre l'Albanie vendredi, en soutien aux soldats engagés dans l'offensive en Syrie.
Les ministres turcs des Sports et de la Justice, ainsi que l'ambassadeur à Paris, devraient assister au match depuis la tribune officielle du stade de France, selon une source diplomatique turque.
"Ce qu'il se passe en Syrie, c'est une chose, le match c'est autre chose. Bien qu'il puisse y avoir des imbrications, des provocations, nous essaierons de l'éviter", a tenté de rassurer l'ambassadeur de Turquie Ismail Hakki Musa, interrogé par l'AFP sur l'éventualité de tensions entre supporters pro ou anti-Kurdes en marge de la rencontre.
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