A l'Exposition universelle, les visiteurs se pressent dans l'immense ruche d'aluminium du pavillon britannique, qui bourdonne en harmonie avec 40.000 abeilles à la tâche à Nottingham, en Grande-Bretagne, à 1.400 km de Milan.
Depuis l'ouverture de l'Expo le 1er mai, l'oeuvre de l'artiste Wolfgang Buttress a déjà attiré un demi-million de personnes, quatre fois plus qu'attendu, explique à l'AFP Steve Jewlitt-Fleet, directeur adjoint du pavillon. "Cela a été un vrai succès grâce au bouche-à-oreille", ajoute-t-il à propos de ce pavillon consacré à l'importance des abeilles pour l'environnement et aux études scientifiques destinées à lutter contre leur déclin.
Les visiteurs peuvent suivre la danse d'une abeille à travers des paysages de vergers et de prés typiquement britanniques, entre les pommiers, la bruyère sauvage, les boutons d'or et l'oseille, jusqu'à la ruche de Buttress. En entrant dans cette vaste structure de 43 tonnes, ils peuvent commencer à entendre le bourdonnement amplifié des abeilles de la ruche expérimentale de Martin Bencsik à l'Université de Nottingham Trent, dans le centre de l'Angleterre.
Leur activité à l'intérieur de la ruche est détectée grâce à un accéléromètre, un capteur high-tech utilisé dans l'industrie automobile et l'aviation, mais aussi dans les appareils photos et les smartphones. Martin Bencsik s'en sert pour suivre les plus infimes vibrations à l'intérieur de la ruche pendant des jours, des semaines et des mois, parallèlement à l'évolution de la colonie, afin d'établir une sorte de dictionnaire des bourdonnements. Il espère que cela pourra aboutir à la mise au point d'un simple capteur à poser sur chaque ruche pour signaler tout changement aux apiculteurs, sans qu'ils aient besoin d'ouvrir et de contrôler les ruche, ce qu'ils doivent faire au moins une fois par semaine au printemps. "Le principal avantage sera de permettre aux apiculteurs de laisser les abeilles saines faire tranquillement leur miel, et aussi de savoir quand quelque chose ne va pas", explique Martin Bencsik, un scientifique français qui a hérité sa passion d'un père apiculteur dans le Beaujolais.
A Milan, quand le bourdonnement des abeilles atteint certains niveaux, il se traduit dans des arias spécialement enregistrés de violoncelle, de piano, de guitare et de voix humaines destinés à s'harmoniser avec "le fredonnement très méditatif, grave et viscéral" que Wolfgang Buttress a découvert devant la ruche de Martin Bencsik. "L'ironie est que les abeilles sont sourdes, elles communiquent par vibrations, mais en parlant avec Martin, j'ai vu le potentiel de l'utilisation des sons comme un moyen de refléter la connexion entre les abeilles et l'homme", explique l'artiste à l'AFP.
Le niveau d'énergie dans la ruche à Nottingham détermine aussi la couleur et l'intensité du millier de lampes LED illuminant la structure à l'Expo, où elle est devenue une attraction populaire à la tombée du jour.
Véritable prouesse technique, la ruche de Milan est "un grand Meccano" de 169.300 pièces, sans aucune soudure, explique Tim Leigh, directeur marketing de la société Stage One, qui l'a construite.
Stage One, qui avait réalisé le chaudron de la flamme olympique lors des Jeux de Londres en 2012, a remporté l'appel d'offre trois semaines avant l'annonce du choix de l'oeuvre de Buttress, et a donc eu le temps de s'assurer avant qu'elle était faisable dans un délai et un budget relativement restreints.
Au total, le pavillon a coûté 6 millions de livres (8,3 millions d'euros). Après la fermeture de l'Expo le 31 octobre, le pavillon britannique devrait être démonté et ré-assemblé dans un lieu au Royaume-Uni qui doit être bientôt déterminé.
Dans une Expo-2015 consacrée au thème de l'alimentation, la ruche britannique vise à rendre hommage au rôle des abeilles comme pollinisateurs exclusif de 70% des cultures alimentaires les plus importantes et responsables de près d'un tiers de la nourriture consommée sur la planète.
"C'est le message du pavillon: les abeilles sont extrêmement sensibles au bien-être de l'environnement. S'il ne va pas bien, les abeilles seront les premières à souffrir, alors nous devons les écouter très attentivement", résume Martin Bencsik.
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