Il y a près de 20 ans, des infirmières bulgares et un médecin palestinien avaient été emprisonnés pour avoir inoculé le virus du sida à des enfants de l'hôpital de Benghazi, en Libye. Il y a dix ans, les infirmières avaient été libérées et on avait reconnu qu'elles avaient été accusées à tort. Aujourd'hui, on apprend que deux anciens dignitaires du régime Khadafi seraient en fait responsable de cette atrocité.
Deux anciens dignitaires du régime Khadafi auraient inoculé le virus du sida aux enfants à l'hôpital de Benghazi, d'après le carnet d'un ancien chef du gouvernement libyen aux mains de la justice française, des révélations qui interviennent près de dix ans après la libération des infirmières bulgares accusées à tort de cette contamination.
Choukri Ghanem, chef du gouvernement de Kadhafi de 2003 à 2006 puis ministre du Pétrole, revient dans ce carnet découvert après sa mort en 2012 sur l'affaire des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien emprisonnés entre 1999 et 2007 et libérés grâce à une campagne active de la France. Dans ce carnet, Choukri Ghanem raconte avoir reçu en 2007 la visite de Mohamed El Khaddar, membre de la commission d'enquête mise en place en Libye sur la libération des infirmières, selon ces notes rapportées vendredi par le site français Mediapart.
31 fioles contenant le virus
Selon cet interlocuteur, à l'occasion d'un interrogatoire devant cette commission, Abdallah Senoussi, chef du renseignement militaire, aurait raconté qu'il s'était procuré avec Moussa Koussa, patron des services spéciaux libyens, des "fioles de virus contagieux": quatre pour Senoussi et vingt-sept pour Koussa. "Tous deux avaient injecté le virus aux enfants. Les 232 enfants n'étaient pas de Benghazi mais ont été amenés de l'hôpital de Tajourah" (près de Tripoli), selon les propos rapportés par le membre de cette commission à Choukri Ghanem.
Une vengeance envers un ville rebelle au régime de Khadafi?
L'affaire aurait pu constituer une vengeance envers Benghazi, ville de l'est de la Libye rebelle au régime de Mouammar Khadafi, ou faire passer ce pays poursuivi pour actes de terrorisme pour une victime. Les éléments de ce carnet, dont l'existence a été révélée par Mediapart, ont été versés à l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, selon une source proche du dossier.
Choukri Ghanem y a notamment détaillé le 29 avril 2007 trois versements destinés à celui qui était alors candidat à la présidentielle française pour au moins 6,5 millions d'euros, selon cette source. Moussa Koussa vit aujourd'hui en exil. Abdallah Senoussi a été extradé en septembre 2012 par la Mauritanie, où il avait trouvé refuge après la chute du régime, vers la Libye où il doit être jugé.
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