Le président américain Donald Trump a défendu dimanche sa stratégie de dialogue, à trois jours de son deuxième sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un au Vietnam, dont il espère qu'il entérinera des progrès à défaut d'une dénucléarisation immédiate.
L'Américain s'envolera lundi de Washington vers Hanoï pour le sommet, tandis que Kim Jong Un, parti samedi, se trouvait quelque part en Chine dimanche, à bord de son train blindé - un périple de près de 4.000 km qui pourrait durer 60 heures.
"Le président Kim réalise, peut-être mieux que quiconque, que sans armes nucléaires son pays pourrait vite devenir l'une des grandes puissances économiques du monde", a écrit Donald Trump sur Twitter. La Corée du Nord, grâce à "sa situation géographique", à "son peuple" et à son dirigeant, "a plus de potentiel pour une croissance rapide que n'importe quelle autre nation!".
Quelques heures plus tard, il a ajouté: "Très amusant d'écouter les gens qui ont échoué pendant des années, ils n'ont RIEN obtenu, ils me disent comment négocier avec la Corée du Nord. Mais merci quand même!"
Les diplomates des deux pays sont déjà à Hanoï. L'avion de membres de la délégation nord-coréenne a atterri dimanche, selon des images diffusées par la presse vietnamienne.
Le représentant spécial de Pyongyang pour les Etats-Unis, Kim Hyok Chol, a été vu dimanche dans un hôtel pour des entretiens avec son homologue américain, Stephen Biegun, selon l'agence sud-coréenne Yonhap.
Mais rien ne filtre de leurs négociations. Le sommet accouchera-t-il d'une définition plus précise de ce que signifie la "dénucléarisation de la péninsule coréenne", phrase centrale adoptée lors du premier sommet Kim-Trump, le 12 juin 2018 à Singapour?
Stephen Biegun a admis le mois dernier qu'Américains et Nord-Coréens ne parvenaient pas à s'entendre sur "ce qu'impliquait une dénucléarisation".
Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine qui sera lundi à Hanoï, a dit dimanche que le but était d'obtenir des Nord-Coréens une "grande étape, prouvable et vérifiable".
"Il a promis de dénucléariser. Nous espérons qu'il le fera", a-t-il dit sur la chaîne CNN.
Mais il a prévenu, sur la chaîne américaine Fox: "Il faudra peut-être un autre sommet, nous n'arriverons peut-être pas à tout faire cette semaine".
- Scepticisme aux Etats-Unis -
Kim Jong Un est accompagné dans son long périple ferroviaire de son bras droit le général Kim Yong Chol, qui a rencontré Donald Trump le mois dernier à la Maison Blanche, ainsi que de sa soeur et conseillère Kim Yo Jong, et d'autres proches collaborateurs, selon l'agence nord-coréenne de presse KCNA.
Dans un commentaire incisif dimanche, KCNA a appelé Washington à saisir une "occasion historique rare", réagissant au scepticisme exprimé dans les médias et au Congrès aux Etats-Unis sur l'absence de progrès depuis Singapour et les intentions réelles de Pyongyang de se débarrasser de son arsenal nucléaire.
"L'administration américaine ne doit pas oublier les leçons de l'année dernière lorsqu'elle a plongé les négociations bilatérales dans l'impasse, bousculée par les forces contraires", écrit KCNA.
"Si les prochaines négociations USA-Corée du Nord s'achèvent sans résultat, comme le souhaitent ces forces, le peuple américain n'en aura jamais fini avec les menaces en matière de sécurité", ajoute l'agence nord-coréenne.
Selon Jeong Young-tae, de l'Institut d'études nord-coréennes à Séoul, prendre le train - au lieu de l'avion chinois qui l'avait transporté à Singapour - permet cette fois au dirigeant nord-coréen de marquer son "indépendance" à l'endroit de Pékin.
Après une grave dégradation du fait des essais nucléaires nord-coréens, les relations entre les deux pays voisins se sont spectaculairement réchauffées l'an dernier avec l'annonce de la fin des essais atomiques du régime reclus.
La Chine, seule alliée d'importance de Pyongyang, plaide pour une levée progressive des sanctions internationales qui pèsent sur le Nord, tout en continuant à réclamer une dénucléarisation complète du pays.
Plusieurs sources vietnamiennes ont indiqué en privé que Kim Jong Un arriverait au Vietnam par le train jusqu'à la gare de Dong Dang, frontalière de la Chine, avant de gagner Hanoï par la route, à 170 km de distance.
Cette route sera fermée mardi, ont annoncé les autorités vietnamiennes, et des militaires sont déployés le long du parcours depuis samedi.
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