Une semaine après avoir recommandé l'autorisation d'un premier vaccin contre le Covid-19, un comité d'experts américains se réunit à nouveau jeudi pour évaluer le remède développé cette fois par la société américaine Moderna, avec de premières injections attendues dès la semaine prochaine.
Sauf énorme surprise, l'Agence américaine des médicaments devrait donner son feu vert au vaccin de la jeune firme de biotechnologies Moderna peu après une réunion qui se tient ce jeudi, a priori dès vendredi comme elle l'avait fait pour le vaccin de Pfizer/BioNTech.
Les Etats-Unis, actuellement confrontés à un rebond spectaculaire de l'épidémie, pourraient alors disposer de deux vaccins dès le début de semaine prochaine, et ainsi accélérer la campagne massive de vaccination lancée lundi. Ils seraient les premiers à mettre sur le marché le vaccin de Moderna.
La réunion de ce comité consultatif sera, comme il y a une semaine, retransmise en direct sur internet, un exercice de transparence inédit dans le monde. Une vingtaine d'experts devront confirmer lors d'un vote que les bénéfices apportés par l'injection de ce vaccin surpassent les risques, chez les adultes de 18 ans et plus (16 ans pour Pfizer).
Quasiment aucun doute ne plane sur la décision qui se profile: la FDA a déjà jugé le vaccin sûr et efficace dans une synthèse des données publiées plus tôt cette semaine, deux semaines environ après le dépôt de la demande d'autorisation en urgence.
L'analyse publiée a confirmé une efficacité moyenne de 94,1%. Sur 30.400 participants aux essais cliniques, 196 ont contracté le Covid-19. Parmi eux, 185 avaient reçu un placebo, et 11 le vaccin (au 21 novembre).
De plus, les 30 cas de Covid-19 graves recensés se trouvaient tous au sein du groupe placebo.
Les effets secondaires les plus répandus du vaccin, baptisé mRNA-1273, sont des douleurs à l'endroit de l'injection, de la fatigue, des maux de tête et des douleurs musculaires, ainsi que des douleurs articulaires et des frissons.
Moncef Slaoui, chef scientifique de l'opération Warp Speed du gouvernement Trump, s'est dit mercredi impressionné par le niveau de protection contre la maladie déjà offert ne serait-ce qu'après la première des deux doses.
"La deuxième chose très intéressante est la protection contre l'infection" elle-même, qui serait de l'ordre de 60 à 65%, et pourrait être plus élevée après la deuxième dose, a-t-il dit.
L'une des inquiétudes concernant les vaccins est que, même s'ils empêchent de développer les symptômes de la maladie, ils n'empêchent pas pour autant pas l'infection asymptomatique, et donc la transmission. "C'est très important d'un point de vue de santé publique", a souligné M. Slaoui.
Le gouvernement américain a acheté 200 millions de doses du vaccin de Moderna (100 millions à Pfizer).
Puisqu'il se prend en deux doses espacées de quatre semaines, cela correspond à 100 millions de personnes vaccinées.
La logistique pour la distribution a été pensée depuis des mois. "L'enflaconnage" a lieu chez le sous-traitant Catalent à Bloomington, dans l'Indiana, où Moderna envoie de gros sacs de 50 litres du vaccin, fabriqué dans le New Hampshire.
Et le but est "d'avoir les camions qui attendent littéralement juste à côté de l'usine pour pouvoir les charger et partir dès le OK de la FDA", avait dit à l'AFP Stéphane Bancel, le patron de Moderna.
La formule de la jeune société présente un avantage sur celle de son concurrent: il peut être conservé à -20°C, et non -70°C pour le vaccin de Pfizer, une température bien plus basse que les congélateurs standards, et qui a forcé le groupe à développer des containers spécifiques pour le transport.
Moderna a promis de distribuer 20 millions de doses d'ici la fin décembre 2020, puis 80 millions supplémentaires au premier trimestre 2021, et les 100 autres millions au deuxième trimestre (soit d'ici fin juin).
Les vaccins sont pour le moment administrés en priorité aux soignants les plus exposés et aux pensionnaires des maisons de retraite, comme l'ont recommandé les autorités sanitaires américaines.
Mais Moderna a également promis aux milliers de participants aux essais cliniques qu'ils auraient la possibilité de recevoir le vaccin sous deux semaines s'ils le souhaitaient.
Dans la perspective d'une autorisation, la société leur a envoyé un e-mail les encourageant à rester dans l'étude, mais les informant qu'ils se verraient offrir la possibilité de savoir s'ils ont reçu le placebo ou le vaccin -- et en cas de placebo, d'être vaccinés.
Les experts estiment que plus de 70% de la population doit être vaccinée pour mettre fin à l'épidémie, soit environ 230 millions de personnes aux Etats-Unis.
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