La question de l'avenir des djihadistes belges en Syrie s'invite à nouveau dans l'actualité. Les Kurdes ont annoncé cette semaine leur intention de juger sur place les combattants étrangers à partir du printemps de cette année.
Au total, il y aurait dans la région syrienne contrôlée par les Kurdes plus d'un milliers de combattants djihadistes issus de 53 pays, en plus de 4.000 femmes et 8.000 enfants, selon les Kurdes. Parmi eux se trouvent plusieurs Belges.
Antoine Schuurwegen, l'un de nos journalistes spécialisé en terrorisme, était l'invité du RTL INFO 19H pour apporter son expertise dans le domaine. Il a été interrogé par Salima Belabbas.
Salima Belabbas: Est-ce que cette solution pourrait satisfaire les autorités belges?
Antoine Schuurwegen: De manière purement pragmatique, la Belgique n’a pas trop le choix puisqu’elle ne veut pas rapatrier ses djihadistes. Officiellement, le cabinet du ministre des Affaires étrangères analyse la situation, mais il est toujours hors de questions de rapatrier les adultes. On parle de 14 hommes détenus dans des prisons en Syrie. Dans les camps, il y a une petite trentaine de femmes et une cinquantaine d’enfants. C’est justement parce que les pays occidentaux ne veulent pas rapatrier leurs djihadistes et parce que la mise en place d’un tribunal international est au point mort que les Kurdes ont décidé de juger eux-mêmes les étrangers. Ils parlent de plus d’un millier d’hommes venus de 53 pays.
De manière tout à fait logique, les Kurdes annoncent qu’ils utiliseront leur propre système judiciaire. Un système judiciaire encore tout jeune, avec des tribunaux civils et pas militaires, comme en Irak, des tribunaux présentés comme impartiaux, avec des procès qui sont publics, et des inculpés qui peuvent être défendus.
Salima Belabbas: On sait aussi que la peine de mort n'existe pas dans le système judiciaire kurde.
Antoine Schuurwegen: Oui, à la différence de l’Irak par exemple où deux Belges sont détenus, la peine de mort n’a pas cours chez les Kurdes. Ils se sont basés sur le droit syrien et ils ont retiré tous les éléments contraires aux Droits de l’Homme. Les djihadistes pourront donc être condamnés à maximum 20 ans de prison. Sur le papier, ça semble donc fort intéressant, mais il y a un problème légal et diplomatique: la Belgique a bien des contacts réguliers avec les Kurdes, mais le Kurdistan n’est pas un Etat reconnu par la Belgique. Quelle valeur auront donc ces jugements? Là, personne ne peut le savoir. Le terrain est incertain, voire glissant, et le droit international humanitaire est très partagé sur la question.
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