Le président libanais Michel Aoun s'est dit jeudi prêt à discuter avec des représentants des manifestants qui ont envahi le pays, mais il a opposé une fin de non-recevoir à leur principale revendication visant à un changement du régime.
"Je suis prêt à rencontrer vos représentants (...) pour entendre vos demandes", a affirmé M. Aoun dans un discours télévisé à la nation qui constituait sa première intervention publique après une semaine de soulèvement populaire contre l'ensemble d'une classe politique jugée incompétente et corrompue.
Dans son discours d'une dizaine de minutes, le chef de l'Etat n'a annoncé aucune nouvelle mesure concrète: il s'est borné à apporter son appui au plan de réformes économiques annoncé lundi par le Premier ministre Saad Hariri et qui a été largement rejeté par les manifestants.
"La feuille de route approuvée sera le premier pas pour sauver le Liban et éloigner le spectre d'un effondrement économique et financier. Cela a été votre premier exploit car vous avez aidé à éliminer les obstacles et à le faire adopter en un temps record", a assuré le chef de l'Etat aux foules qui écoutaient son discours relayé en direct sur certains lieux de rassemblement du pays.
"J'ai entendu beaucoup d'appels à la chute du régime. Mais le régime, chers jeunes, ne peut être changé sur la place publique", a encore déclaré M. Aoun.
"Le peuple veut la chute du régime!", est un des slogans phares depuis le début de la contestation.
"Notre régime a besoin d'être modernisé parce qu'il est paralysé depuis des années et incapable de se régénérer, mais cela ne peut se faire qu'à travers les institutions constitutionnelles", a insisté M. Aoun, un ex-général de 84 ans.
Les premières réactions de manifestants ont été largement négatives.
"Dans cette foule nous avons des avis différents mais nous sommes tous d'accord pour nous débarrasser du président et du Premier ministre", s'est ainsi exclamé un vieil homme au micro d'une chaîne d'information.
Une manifestante a assuré de son côté: "nous ne nous contenterons pas de mots creux".
M. Hariri avait annoncé lundi l'adoption par tous les partis politiques d'un plan de réformes et du budget pour l'année 2020, prévoyant une baisse substantielle du déficit public sans aucune nouvelle taxe et des mesures de lutte contre la corruption.
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