Nicolas Maduro a accusé mardi son homologue colombien Ivan Duque de "manoeuvrer" pour "déclencher un conflit" en prétextant du retour aux armes d'anciens chefs guérilleros des Farc, un nouvel accès de tensions dans les relations déjà exécrables entre les deux chefs d'Etat.
D'un ton martial, face à des soldats réunis dans une salle de Caracas pour une cérémonie, le président vénézuélien a accusé Ivan Duque de se servir "d'accusations infondées pour agresser le Venezuela et déclencher un conflit militaire contre notre pays". Bogota, s'est-il exclamé, "manoeuvre" pour "renforcer" ces accusations et aggraver les tensions.
Les soldats déployés le long des 2.200 km de frontière que partagent les deux pays ont été placés en "alerte orange (...) face à la menace d'agression de la Colombie contre le Venezuela", a encore annoncé Nicolas Maduro sans toutefois préciser ce qu'impliquait une alerte "orange".
Les relations entre le président socialiste et son homologue de droite Ivan Duque sont déjà calamiteuses. Mais l'affrontement verbal entre les deux chefs d'Etat est monté d'un cran la semaine dernière au sujet des combattants armés colombiens qui seraient, selon M. Duque, "hébergés" et "soutenus" par le pouvoir chaviste. Des accusations lancées lorsque d'anciens guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie, les Farc, ont rejeté l'accord de paix historique de 2016 et annoncé qu'ils reprenaient les armes.
Dans la foulée de cette annonce, Ivan Duque a ordonné une offensive militaire contre ce qu'il a qualifié de "bande de narco-terroristes qui comptent sur l'hébergement et le soutien de la dictature de Nicolas Maduro" au Venezuela. Des accusations que Caracas nie.
Dans son discours de mardi, Nicolas Maduro a également indiqué que des exercices militaires auraient lieu à cette même frontière entre les 10 et 28 septembre pour "mettre en condition le système armé et tout le déploiement opérationnel".
- "Projets terroristes" -
Mais pour l'analyste en affaires militaires Rocio San Miguel interrogée par l'AFP, la "principale menace contre la sécurité nationale" du Venezuela provient surtout du "crime organisé et des membres de guérillas" présents sur son sol, comme ceux de l'Armée de libération nationale (ELN), reconnue comme dernière guérilla de Colombie, ou de dissidents des Farc.
Caracas dénonce régulièrement des "projets terroristes" destinés à renverser le chef de l'Etat dans lesquels est notamment impliquée, selon lui, la Colombie. Samedi, le gouvernement a affirmé avoir déjoué le "pire attentat terroriste contre le peuple vénézuélien" qui devait être perpétré au moyen de charges explosives déclenchées en plein Caracas, et il a mis en cause Ivan Duque ainsi que l'opposition vénézuélienne.
Ivan Duque, lui, ne cesse d'exiger le départ de Nicolas Maduro. La Colombie reconnaît le chef de file de l'opposition Juan Guaido comme président par intérim, tout comme une cinquantaine d'autres pays, dont les Etats-Unis.
Juan Guaido, qui préside le Parlement unicaméral, a dit un peu plus tôt mardi à des journalistes vouloir "collaborer avec le gouvernement colombien dans le domaine du renseignement et pour détecter les groupes qui opèrent de manière illégale" sur le territoire vénézuélien.
Pour ce faire, il a assuré que le Parlement autoriserait le recours à des satellites pour localiser "les camps installés sur le territoire national" vénézuélien et les sites "d'où décollent les aéronefs impliqués dans le narcotrafic".
Il n'a toutefois pas précisé comment il comptait déployer ces technologies. Dans la pratique, toutes les décisions votées par le Parlement sont automatiquement frappées de nullité par la Cour suprême, que l'opposition accuse d'être pieds et poings liés au gouvernement chaviste. Et l'état-major de l'armée vénézuélienne continue à se montrer loyal à Nicolas Maduro.
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