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Meurtre d'un homme noir à Porto Alegre: la responsable des vigiles arrêtée, l'ONU condamne le "racisme structurel" au Brésil

Meurtre d'un homme noir à Porto Alegre: la responsable des vigiles arrêtée, l'ONU condamne le "racisme structurel" au Brésil
©AFP
 
 

La police brésilienne a arrêté mardi une responsable d'un supermarché Carrefour à Porto Alegre (sud) en tant que "coauteure" présumée du meurtre d'un homme noir, roué de coups le 19 novembre par deux vigiles blancs du magasin, qui a suscité l'émoi dans le pays.

"Elle avait autorité sur les deux surveillants. Du fait de son poste, la loi la considère comme coauteure du meurtre. Son placement en détention provisoire a été demandé", a déclaré en conférence de presse une enquêtrice de la police, Vanessa Pitrez, citée par le portail d'information UOL.

Selon une vidéo choquante diffusée par les médias, la superviseuse apparaissait aux côtés des deux surveillants lorsque ceux-ci s'acharnaient sur Joao Batista Rodrigues Freitas, sur le parking du Carrefour, où il a été battu à mort.

Les deux gardiens ont été écroués

La femme, qui avait été vue en train de filmer la scène, aurait menti aux enquêteurs lors de son premier interrogatoire, en assurant ne pas avoir entendu la victime appeler à l'aide et en prétendant qu'un des gardiens était un policier client du supermarché, pour occulter le fait qu'il était employé par Carrefour.

"Aidez-moi", peut-on entendre la victime dire dans la vidéo, alors que la superviseuse se trouve à quelques pas. "J'ai mal, je vais mourir", dit l'homme de 40 ans, qui est décédé la veille du jour de la Conscience noire, célébré dans une grande partie du Brésil.

La responsable, d'après des extraits de son témoignage diffusé sur la chaîne Globo, a assuré qu'elle avait demandé à plusieurs reprises aux gardiens de relâcher l'homme. Cependant, dans certains extraits de la vidéo, on l'entend l'avertir qu'il doit se calmer s'il veut être libéré ou lui dire qu'il ne sera pas relâché avant l'arrivée de la police.

Cet homicide a provoqué des manifestations anti-racistes dans plusieurs villes du Brésil. Lundi, une marche à Porto Alegre a dégénéré en affrontements entre un groupe de manifestants et la police, devant une succursale de la chaîne française de supermarchés Carrefour.

Après avoir vu ses actions chuter lundi à la Bourse de Sao Paulo, Carrefour a annoncé la création d'un fonds de 25 millions de reais (soit environ 4,8 millions de dollars ou 4 millions d'euros) pour la promotion d'actions contre le racisme au Brésil.

Dans le même temps, 12 fournisseurs de Carrefour - dont des géants comme Coca Cola, Danone, Pepsico, Heineken, Kellogg's, L'Oréal ou encore Nestlé - ont annoncé qu'ils s'unissaient pour prendre des initiatives "afin de combattre le racisme structurel" dans le pays, qui fut le dernier des Amériques à abolir l'esclavage en 1888.

L'ONU condamne un "racisme structurel" au Brésil

L'ONU a dénoncé mardi l'existence d'un "racisme structurel" au Brésil, et demandé une enquête indépendante après la mort d'un homme noir roué de coups jeudi par des vigiles blancs d'un supermarché Carrefour à Porto Alegre.

Ce meurtre a été "un cas extrême mais qui reflète malheureusement la violence récurrente envers la population noire au Brésil", a déclaré une porte-parole du Bureau des droits de l'homme des Nations-Unies à Genève, Ravina Shamdasani.

"C'est une illustration de la discrimination et du racisme structurels auxquels doivent faire face les personnes d'origine africaine" dans ce pays, a-t-elle ajouté , lors d'un point de presse virtuel, rappelant que ces discriminations et ces violences étaient "étayées par des données officielles".

"Le nombre d'afro-brésiliens victimes d'homicide est disproportionné si on le compare à tout autre groupe", a souligné la porte-parole. En outre, "les afro-brésiliens sont exclus et pratiquement invisibles dans les institutions et les structures de prise de décision".

L'enquête ouverte au Brésil sur ce meurtre doit être "rapide, approfondie, indépendante, impartiale et transparente", a-t-elle dit, ajoutant qu'elle devait "vérifier si la discrimination raciale y a joué un rôle".

Les autorités brésiliennes doivent enquêter aussi "sur toute allégation concernant un usage disproportionné de la force lors des manifestations anti-racistes intervenues après la mort de (Joao Alberto) Silveira Freitas", a poursuivi la porte-parole.

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