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Migrants: l'ONU dénonce la République tchèque pour détention "systématique" et "dégradante"

Migrants: l'ONU dénonce la République tchèque pour détention "systématique" et "dégradante"
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, le 16 septembre 2015 à GenèveFABRICE COFFRINI
 
 

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'Homme a vivement dénoncé jeudi la détention "systématique" et dans "des conditions dégradantes" de migrants et de réfugiés, en particulier des enfants, en République tchèque.

"Les violations des droits humains des migrants ne sont pas isolées ni le fait du hasard, mais systématiques, elles semblent faire partie intégrante de la politique du gouvernement tchèque pour décourager migrants et réfugiés d'entrer ou de séjourner dans le pays", souligne le Haut Commissaire, Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un communiqué publié à Genève.

La République tchèque est la seule, parmi les pays de transit, à soumettre "de façon routinière ces migrants et réfugiés à une détention de 40 jours, parfois jusqu'à 90 jours, dans des conditions décrites comme dégradantes", affirme M. Zeid.

Le Haut Commissaire est intervenu à plusieurs reprises sur cette crise des migrants en Europe mais c'est la première fois qu'il se montre aussi sévère et critique à l'encontre d'un gouvernement.

"La loi internationale est très claire que la détention pour immigration doit être strictement une mesure d'ultime recours, et pour les enfants, le Comité de l'ONU pour les droits des enfants a souligné que la détention des enfants uniquement sur la base de leur statut migratoire, ou de celui de leurs parents, constitue une violation (...) et n'est pas justifiable", poursuit M. Zeid.

Il s'inquiète particulièrement des conditions dans le centre de détention de Bila-Jevoza, à 80 km au nord de Prague, décrit par le ministre tchèque de la justice Robert Pelikan lui-même comme "pire qu'une prison" et où la médiatrice officielle tchéque Anna Sabatova a compté une centaine d'enfants détenus, dans un rapport qu'elle a diffusé le 13 octobre.

Elle y dénonce aussi le fait que ces personnes se voient privées de leur téléphone portable et ne sont plus en mesure de donner de leurs nouvelles.

M. Zeid fait également état "d'informations crédibles" selon lesquelles ces migrants sont fouillés de façon routinière pour leur confisquer 250 couronnes tchèques (dix dollars) quotidiens par personne pour leur séjour involontaire en centre de détention.

"Le fait qu'ils soient obligés de payer pour leur propre détention est particulièrement condamnable", estime M. Zeid.

Tout en notant quelques améliorations apportées la semaine dernière avec l'ouverture de nouveaux centres et la mise en place d'un mécanisme permanent entre la médiatrice et le ministère de l'intérieur, M. Zeid appelle le gouvernement tchèque à prendre, "conformément aux obligations de la République tchèque" des mesures immédiates pour garantir le respect des droits de l'Homme des migrants et des réfugiés.

La police tchèque a annoncé la semaine dernière avoir intercepté au cours des neuf premiers mois de l'année 7.201 migrants, plus que le double comparé à la même période de 2014. Depuis le début de l'année, 1.115 personnes ont demandé l'asile en République tchèque, selon le ministère de l'Intérieur.

La République tchèque est un pays de transit pour les migrants voyageant vers des pays plus riches de l'UE, comme l'Allemagne.

Comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne, la République tchèque s'oppose fortement au système de quotas exigé par la Commission européenne


 

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