L'image "insoutenable" d'un jeune Syrien mort noyé sur une plage turque a secoué la classe politique française, Manuel Valls clamant "l'urgence d'agir", quelques heures avant l'annonce jeudi d'une initiative franco-allemande pour mieux accueillir les réfugiés en Europe.
"Il avait un nom: Aylan Kurdi. Urgence d'agir. Urgence d'une mobilisation européenne", a tweeté le chef du gouvernement, en publiant une des photos montrant un policier turc portant le cadavre de l'enfant.
D'abord diffusée sur les réseaux sociaux, la photo du cadavre de l'enfant en short, échoué sur la plage, face contre terre, s'affiche à la une de très nombreux quotidiens européens. En France, seul le quotidien Le Monde, qui paraît en début d'après-midi, l'a publiée jeudi en première page.
La photo est "insoutenable", mais il faut la montrer, a estimé Najat Vallaud-Belkacem. "C'est insoutenable. Et en même temps, il ne faut pas qu'on se trompe de débat comme très souvent. Plus insoutenable encore que cette image - qu'il faut à mon avis montrer, parce qu'on ne doit pas détourner le regard - est la situation de ces migrants", a déclaré la ministre de l’Éducation.
"Insoutenable", c'est le qualificatif également employé à droite par Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains). "L’Europe est comme paralysée, tétanisée, depuis des mois en fait, devant cette situation et il y a un moment où ça va virer au déshonneur", a affirmé sur France Inter la vice-présidente des Républicains.
"Insoutenable" encore pour François Fillon. "Cette photo d'un enfant syrien de trois ans retrouvé mort noyé dans le naufrage d'une embarcation de migrants tentant de rejoindre la Grèce est insoutenable", a écrit l'ancien Premier ministre sur son blog. "Il est temps que le Président de la République se révèle à la hauteur de la catastrophe humanitaire", a-t-il commenté.
"Comme tout le monde, j'ai été bouleversé par l'image de l'enfant syrien", a confié à l'AFP Bruno Le Maire (Les Républicains), pour qui "il faut traiter les causes de l'afflux des migrants".
Pour Claude Bartolone, président PS de l'Assemblée nationale, "il faut que nous soyons en mesure" d'accueillir les réfugiés. "Il faut que l'on puisse éviter à tout jamais ce genre d'images qui est un véritable traumatisme et qui interroge les valeurs européennes", a-t-il dit dans les couloirs de l'Assemblée.
"Aujourd'hui le monde pleure Aylan Kurdi, 3 ans, et son frère Galip, 5 ans, originaires de Kobané. Ils deviennent les visages de la honte pour l'inaction en Europe", a pour sa part dénoncé le Mouvement des Jeunes Socialistes dans un communiquéLa ministre de la Justice Christine Taubira a pris la mesure de l'émotion suscitée dans l'opinion avec un tweet poétique. "Son prénom avait des ailes, son petit cœur a dû battre si fort que les étoiles de mer l'ont emporté sur les rivages de nos consciences".
Cet émoi a coïncidé avec la tenue à l’Élysée d'une réunion de travail avec tous les ministres concernés sur la question des migrants.
Au cours d'une déclaration commune au côté du Premier ministre irlandais Enda Kenny à l’Élysée, le président de la République François Hollande a appelé à ne pas en rester au "registre (...) de l'émotion" face à cette image.
"Moi, je pense ici aux victimes qui ne sont jamais photographiées, qui sont ignorées et puis aux victimes futures si nous ne faisons rien. Et c'est pourquoi il est temps d'agir", a-t-il dit.
Le Parti socialiste a de son côté lancé sur les réseaux sociaux une campagne de sensibilisation, en incitant ses sympathisants à tweeté la phrase "l'accueil pour moi c'est oui".
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