La découverte d'une nouvelle variante "hors de contrôle" du coronavirus au Royaume-Uni a poussé dimanche l'Italie, la Belgique et les Pays-Bas à suspendre leurs vols avec ce pays, faisant encore grandir l'inquiétude en Europe où plusieurs pays s'apprêtent à fêter Noël sous de sévères restrictions.
Les Européens se concertaient pour trouver une réponse à cette nouvelle variante, tandis que l'Italie se reconfinait entièrement et d'autres pays d'Europe durcissaient les mesures prises afin de contenir la troisième vague de la pandémie qui menace.
La nouvelle souche est "hors de contrôle", a reconnu dimanche le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, justifiant un reconfinement de Londres et d'une partie de l'Angleterre. "Ce sera très difficile de la garder sous contrôle jusqu'à ce qu'un vaccin soit déployé".
Le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel ont échangé dimanche pour évoquer cette nouvelle variante du coronavirus.
L'absence de coordination au sein de l'UE avait amené l'Espagne à réclamer une réponse commune, appelant à éviter "des mesures unilatérales".
Le gouvernement néerlandais a suspendu, dès dimanche matin et jusqu'au 1er janvier, tous les vols de passagers en provenance du Royaume-Uni.
La Belgique, elle, suspend les vols et les trains en provenance du Royaume-Uni à partir de dimanche minuit (23H00 GMT).
L'Italie va également suspendre les vols avec le Royaume-Uni, a annoncé le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio.
La France se coupe à son tour du Royaume-Uni
Voisin immédiat du Royaume-Uni, la France a décidé à son tour dimanche de suspendre pour 48 heures tous les déplacements en provenance du sol britannique, après l'apparition d'une nouvelle variante du coronavirus qui inquiète l'Europe.
Cette suspension a été annoncée à l'issue d'un Conseil de défense sanitaire extraordinaire par visioconférence, présidé par Emmanuel Macron, lui-même à l'isolement dans la résidence de La Lanterne après avoir été testé positif au Covid-19.
Elle s'appliquera à partir de minuit et concernera tous les déplacements "y compris liés aux transports de marchandises, par voie routière, aérienne, maritime ou ferroviaire", a indiqué Matignon dans un communiqué.
L'Allemagne va "réduire" les liaisons
Quant à l'Allemagne, elle va restreindre "les possibilités de liaison" avec la Grande-Bretagne et l'Afrique du Sud suite à l'apparition d'une nouvelle variante du Covid-19, a annoncé dimanche un porte-parole du gouvernement d'Angela Merkel.
Des règles précises à ce sujet "sont en train d'être finalisées" et l'Allemagne "est en contact sur le dossier avec ses partenaires européens", a ajouté ce porte-parole dans un communiqué.
En parallèle, le ministère allemand de l'Intérieur a précisé sur twitter avoir ordonné dans l'immédiat un renforcement des contrôles aux frontières nationales pour les ressortissants arrivant du Royaume-Uni et d'Afrique du Sud.
"Aucune preuve"
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé les Européens à "renforcer leurs contrôles" du fait de la nouvelle variante circulant au Royaume-Uni, a indiqué dimanche sa branche européenne à l'AFP.
Hors du territoire britannique, une poignée de cas ont été rapportés au Danemark (9), ainsi qu'un cas aux Pays-Bas et en Australie selon l'OMS, qui recommande à ses membres au niveau mondial "d'accroître leurs (capacités de) séquençage" du virus avant d'en savoir plus sur les risques posés par la variante, selon une porte-parole.
Selon l'OMS, outre "des signes préliminaires que la variante pourrait être plus contagieuse", la variante britannique "pourrait aussi affecter l'efficacité de certaines méthodes de diagnostic".
Il n'y a en revanche "aucune preuve d'un changement de la gravité de la maladie" à ce stade.
Une telle perturbation du trafic aérien et ferroviaire, si elle perdurait, pourrait aggraver les problèmes de transport liés au Brexit, le Royaume-Uni quittant le 31 décembre le marché unique de l'UE, qui garantit la libre circulation à l'intérieur de ses frontières.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le pays est un des plus endeuillés en Europe avec plus de 67.000 morts, avait déclaré samedi que le virus qui circule à Londres et dans le sud-est de l'Angleterre est jusqu'à 70 pour cent plus contagieux que la précédente souche.
Afin de juguler cette version mutante, plus de 16 millions de Londoniens et d'habitants du sud-est de l'Angleterre se sont réveillés dimanche sous un nouveau confinement, contraints de faire une croix sur Noël.
"Noël en janvier"
Dimanche, Oxford Street, artère la plus commerçante du centre de Londres d'habitude bouillonnante activité, était à nouveau désertée, près de trois semaines après la sortie d'un deuxième confinement en Angleterre.
"Si c'est nécessaire, qu'il en soit ainsi", confiait, résignée, Liz Field, une retraitée de 73 ans. "On peut fêter (Noël) en janvier, février".
L'Italie qui, avec le Royaume-Uni, est le pays d'Europe le plus durement frappé par la pandémie avec plus de 68.000 morts, va être classée "rouge" et se reconfiner pour les fêtes à partir de lundi.
"Nos experts craignent que la courbe de contagion n'augmente pendant la période de Noël", a expliqué le chef du gouvernement Giuseppe Conte, en soulignant que les Italiens auront le droit de sortir pour participer à un repas de famille en nombre limité.
La Suisse est quant à elle devenue samedi le premier pays d'Europe continentale à autoriser un vaccin contre le Covid-19, le Pfizer/BioNTech.
Une décision prise après le feu vert donné au même vaccin par plus de 15 autres pays, dont les Etats-Unis, le Canada, l'Arabie Saoudite, le Bahrein, le Royaume-Uni, la Jordanie, Singapour et le Mexique.
Biden vacciné lundi
Dans l'UE, la campagne de vaccination devrait commencer les 27, 28 et 29 décembre, selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
L'Agence européenne des médicaments se penchera lundi sur le sort du vaccin Pfizer-BioNTech qui devrait être autorisé dans les deux jours par la Commission. L'examen du vaccin Moderna a été avancé d'une semaine, au 6 janvier.
Aux Etats-Unis, l'agence fédérale des médicaments (FDA) a accordé vendredi une autorisation au vaccin de la firme de biotechnologies Moderna et les premières doses ont commencé à être acheminées samedi à travers le pays.
Les Etats-Unis, où le président élu Joe Biden sera vacciné lundi, sont confrontés à un rebond spectaculaire de l'épidémie, avec plus de 316.202 morts et plus de 17,65 millions de cas confirmés de Covid-19.
La pandémie a fait au moins 1,68 million de morts dans le monde, selon un bilan établi par l'AFP dimanche. Derrière les Etats-Unis, le Brésil est le pays le plus endeuillé avec 186.356 morts pour 7,21 millions de cas. L'Inde a dépassé samedi les 10 millions de cas et compte 145.477 morts.
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