Le pape François est reparti dimanche soir vers Rome après avoir célébré une messe géante à Lima, dernière étape de sa tournée en Amérique latine, dont il a dénoncé avec force la corruption qui rend la politique "malade".
Face à une foule d'1,3 million de personnes, selon les autorités, le souverain pontife a notamment déploré la misère des villes dont sont victimes "beaucoup d'enfants et d'adolescents", pourtant "le visage de l'avenir".
Mais son message le plus virulent était survenu un peu plus tôt, quand il a condamné la corruption en Amérique latine, estimant que "la politique est malade, très malade", dans sa région d'origine.
S'exprimant devant les évêques péruviens, le pape argentin avait pris l'exemple du pays qui l'accueille: "Que se passe-t-il au Pérou? Quand quelqu'un quitte la présidence, on le met en prison".
L'actuel président, Pedro Pablo Kuczynski, vient d'échapper à une destitution pour ses liens avec le géant du BTP brésilien Odebrecht, au coeur d'un vaste scandale de corruption qui éclabousse la région. Plusieurs ex-chefs d'Etat péruviens sont incarcérés ou visés par un mandat d'arrêt international.
C'est la deuxième fois, dans sa tournée au Pérou, que le pape dénonce ce fléau, après avoir appelé vendredi à Lima à lutter contre "le virus" de "la corruption", lors d'un discours prononcé à quelques mètres seulement du président Kuczynski.
- Ferveur au Pérou -
François, premier pape latino-américain de l'Histoire, conclut dimanche une tournée d'une semaine dans cette région, la sixième de son pontificat, d'abord au Chili puis au Pérou.
La ferveur des Péruviens, qui l'ont accueilli chaleureusement, tranche avec l'accueil plutôt froid lors de son étape au Chili, pays secoué par la polémique sur les scandales de pédophilie.
Dans la foule assistant à la mi-journée à l'Angelus sur la place principale de Lima, Sofia, septuagénaire, confiait être "là depuis 6h du matin". Mais "cela vaut le coup, même pour voir le pape quelques secondes".
Après le déjeuner, le souverain pontife de 81 ans avait traversé la capitale sous les acclamations d'une foule enthousiaste agitant drapeaux et ballons.
A la base aérienne Las Palmas, au sud de Lima, où était célébrée la messe en plein air, Teofila Romero, 84 ans, racontait avoir fait le voyage depuis Puno, à la frontière avec la Bolivie.
"Je suis venue avec mes enfants, je me fiche de la chaleur ou du sacrifice que ça représente", assurait-elle.
- Polémique au Chili -
Très attendu en début de semaine au Chili sur les scandales d'abus sexuels perpétrés par des prêtres, le pape avait d'abord marqué des points en rencontrant des victimes et en exprimant "sa honte".
Mais il a ensuite brouillé son message et choqué bon nombre de Chiliens au dernier jour de sa visite, en donnant une accolade publique à Mgr Juan Barros, soupçonné d'avoir gardé sous silence les agissements d'un vieux prêtre pédophile défroqué par le Vatican.
"Le jour où vous m'apportez une preuve contre l'évêque Barros, je vous parlerai. Il n'y a pas une seule preuve contre lui. Tout est calomnie. C'est clair?", avait aussi lancé jeudi le pape, interpellé par des journalistes chiliens.
Le cardinal Sean Patrick O'Malley, qui dirige une commission anti-pédophilie au sein du Vatican, a jugé "compréhensible" samedi que les propos du pape aient pu provoquer "une grande douleur" chez les victimes. Mais il a souligné sa grande sincérité lorsqu'il prône la tolérance zéro contre les actes pédophiles au sein de l'Eglise. Il était présent dimanche à la messe à Lima.
La polémique ne suffit pas à expliquer le moindre engouement des Chiliens envers la visite papale.
Ceux-ci, marqués par la dictature d'Augusto Pinochet, sont méfiants envers toutes les formes de pouvoir, y compris celui de l'Eglise, explique un observateur.
Et ce pays, le plus critique de l'Eglise catholique en Amérique latine, connaît une révolution sociétale qui cadre peu avec une église réputée conservatrice et quelque peu hautaine: il a notamment approuvé l'avortement thérapeutique les unions civiles entre personnes du même sexe.
Le temps fort du 22e voyage du pape - grand défenseur du climat et des peuples indigènes - reste sa première visite en Amazonie, à Puerto Maldonado (sud-est), face à des milliers d'indigènes péruviens, brésiliens et boliviens.
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