Nouveau bilan suite à l'attentat mené ce vendredi contre un hôtel de Sousse, dans l'est de la Tunisie. On dénombre à présent 38 morts, dont des touristes étrangers. Un assaillant a aussi été tué. L'attaque a été menée notamment sur une plage très touristique de la localité, prenant les vacanciers par surprise.
Des milliers de touristes étrangers quittaient la Tunisie samedi au lendemain d'un carnage dans un hôtel revendiqué par le groupe extrémiste Etat islamique, qui a coûté la vie à 38 personnes, dont au moins 15 Britanniques, et blessé 39 autres. "Il s'agit de l'attaque terroriste la plus importante contre des citoyens britanniques" depuis les attentats de Londres en 2005, selon un responsable du Foreign Office.
Parmi les morts figurent aussi une Belge, un Allemand, une Irlandaise et une Portugaise, d'après le ministère tunisien de la Santé. Toutes les victimes se trouvaient sur la plage ou au bord des piscines de l'hôtel Riu Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, près de Sousse (140 km au sud de Tunis), lorsqu'un étudiant tunisien a ouvert le feu et perpétré le pire attentat de l'histoire récente de la Tunisie.
Une Belge décédée
Un mort et trois blessés de nationalité belge figurent parmi les victimes de l'attentat commis en Tunisie. Parmi elles, deux couples, originaires de Verviers et de Namur, nous a indiqué en exclusivité le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders vendredi soir. Concernant le couple de Namur, celui-ci a précisé ce matin, depuis la Chine où il est en visite d'Etat: "Le mari était hospitalisé, et hier soir, les contacts ont été pris par le consul, qui a été leur rendre visite. Le mari ne savait pas du tout où se trouvait son épouse, il n’avait pas de nouvelles du tout, et malheureusement les informations qui nous viennent maintenant plutôt via le ministère de la Santé tunisien, indiquent que la personne serait malheureusement décédée".
"Pour ce qui concerne la personne probablement décédée, la famille est évidemment informée. Les corps de toutes les victimes sont rapatriés vers Tunis, les identifications formelles se feront à Tunis", ajoute-t-il au micro de notre journaliste Frédéric Delfosse, depuis la Chine.
Les deux Belges présentes en Tunisie au moment de l'attentat dont les Affaires étrangères étaient sans nouvelles sont vivantes, indique samedi un porte-parole du ministère. La femme âgée et sa fille ont déjà été rapatriées.
Vague d'attentats sanglants
Se faisant passer pour un vacancier selon les autorités, l'étudiant qui avait caché son arme dans un parasol a ouvert le feu sur les clients sur la plage et au bord des piscines de l'hôtel Riu Imperial Marhaba à Port el Kantaoui près de Sousse, à 140 km au sud de Tunis. L'attentat a eu lieu vendredi, le même jour qu'un autre revendiqué aussi par l'EI contre une mosquée chiite au Koweït (26 morts) et qu'une attaque avec décapitation d'un homme en France, à trois jours du 1er anniversaire du "califat" proclamé par le groupe jihadiste sur les territoires qu'il a conquis en Syrie et en Irak.
Plusieurs milliers de touristes évacués: "Nous avons peur, l'endroit n'est pas sûr"
Après le carnage qui a porté un nouveau coup au secteur vital du tourisme, des milliers de touristes étrangers ont été amenés dans la nuit en bus à l'aéroport d'Enfidha, entre Tunis et Sousse, en vue de leur évacuation, et le flot de départs des hôtels se poursuivait samedi matin, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Treize vols étaient affichés au départ de cet aéroport, notamment à destination de Londres, Manchester, Amsterdam, Bruxelles et Saint-Petersbourg. "Nous avons peur, l'endroit n'est pas sûr", a confié à l'AFP un touriste évacué, originaire du Pays de Galles.
"Notre agence nous a conseillé de rentrer tout de suite dans notre pays, en Belgique. C'était une obligation de quitter tout de suite le pays", a dit à l'AFP Aziz, un jeune touriste belge.
L'attentat le plus sanglant de l'histoire récente du pays
Il s'agit de la pire attaque de l'histoire récente de la Tunisie. Le Premier ministre tunisien Habib Essid a assuré qu'environ 80 mosquées accusées d'"inciter au terrorisme" seraient fermées et annoncé le recours aux réservistes de l'armée pour renforcer la sécurité aux "endroits sensibles". L'attaque est survenue trois mois après celle contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts) qui avait été aussi revendiquée par le groupe terroriste Etat islamique. Ce groupe ultradical sunnite, responsable d'atrocités et accusé de crimes contre l'Humanité, a revendiqué ces derniers mois des attentats en Libye, au Yémen, en Egypte et en Arabie saoudite, outre ses opérations en Irak et en Syrie, où il occupe de vastes pans de territoire.
La Tunisie, qui voit monter la menace jihadiste depuis sa révolution en 2011, disait craindre des attentats à l'approche de la saison touristique et avait annoncé des mesures sécuritaires accrues.
Et vendredi, le Premier ministre Essid a annoncé la mise en place à partir du 1er juillet d'un plan "exceptionnel" pour sécuriser davantage les sites touristiques dans le pays avec le déploiement "d'unités de la sécurité touristique, armées, tout le long du littoral ainsi qu'à l'intérieur des hôtels".
Le tireur présumé, un jeune Tunisien né en 1992
Dans un communiqué, l'EI a affirmé qu'un "soldat du califat" avait visé "des antres de fornication, de vice et d'apostasie". Il a "pu parvenir au but", en tuant "des sujets des Etats de l'alliance croisée qui combat l'Etat du califat", a ajouté le texte en référence à la coalition internationale bombardant les positions de l'EI en Irak et en Syrie. Selon les autorités, l'auteur présumé de l'attentat se nomme Seifeddine Rezgui, un jeune Tunisien né en 1992 et originaire de Gaafour (nord-ouest) mais étudiant à Kairouan (centre).
Il était inconnu des services de police et a agi seul "a priori", selon le secrétaire d'Etat aux affaires sécuritaires, Rafik Chelly. "Il est entré habillé comme quelqu'un qui allait se baigner et il avait un parasol avec dedans son arme. Puis arrivé à la plage, il a utilisé son arme".
Il visait les touristes
L'assaillant a visé les clients sur la plage, puis pénétré dans l'enceinte de l'hôtel pour abattre des clients installés au bord des piscines, selon le pâtissier de l'hôtel interrogé par l'AFP.
"J'ai vu quelqu'un tirer sur des touristes âgés. Ils sont morts", a raconté Slim Brahim. "J'ai cherché à me cacher car j'ai vu le terroriste entrer dans l'hôtel. Il a ensuite jeté une grenade près de la piscine".
Selon un témoin tunisien, le tireur visait les touristes et épargnait les Tunisiens. "Le terroriste nous a dit: 'Eloignez-vous, je ne suis pas venu pour vous'. Il ne nous a pas tiré dessus, il a commencé à tirer sur les touristes".
Vos commentaires