Quatre ressortissants belges sont concernés jusqu'à présent par la décision de la Turquie d'expulser les djihadistes étrangers qui sont détenus sur son territoire, a indiqué mardi le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Il a répondu à des questions en commission des Relations extérieures de la Chambre.
Selon les informations du ministre, le parquet fédéral a envoyé une demande d'extradition pour l'un de ces combattants terroristes.
La Belgique souhaite toujours un jugement sur place
Vendredi, les autorités turques ont annoncé qu'elles allaient expulser les djihadistes étrangers partis en Syrie pour combattre aux côtés de l'État islamique. L'opération a commencé lundi et vise pour le moment des personnes de nationalité française, allemande, américaine et irlandaise. De son côté, la Belgique suit la situation de près et est en contact avec Ankara.
Le gouvernement maintient toutefois sa position dans ce dossier: il plaide pour le jugement de ces djihadistes dans la région, au plus près de l'endroit où leurs méfaits ont été commis.
Un jugement à l'étranger semble très peu probable
Une attitude qui n'est plus tenable selon l'opposition, qui invoque les déclarations récentes de personnalités belges. Notamment le directeur de l'Organe de Coordination et d'Analyse de la Menace (OCAM), Paul Van Tigchelt, et le refus de l'Irak de juger ces combattants étrangers. Le temps presse: le plus grand danger serait de laisser des terroristes disparaître dans la nature, ont fait remarquer Georges Dallemagne (cdH) et Samuel Cogolati (Ecolo). "La peur n'est pas bonne conseillère", a souligné le député centriste. "Ce blocage du gouvernement est incompréhensible", a renchéri le député écologiste.
Le gouvernement n'a pas non plus changé de point de vue à propos du rapatriement des enfants de djihadistes belges qui se trouvent dans la région. Il acceptera automatiquement les demandes concernant des enfants de moins de dix ans et examinera au cas par celles qui concernent les enfants de plus de dix ans.
Le cas d'une mère partie en Syrie
Le 30 octobre, le tribunal de première instance de Bruxelles avait ordonné en référé à l'État belge de tout mettre en œuvre pour rapatrier une ressortissante belge en Syrie et ses deux enfants. Le gouvernement fera appel dès la signification du jugement, a confirmé M. Reynders. Différents "scénarios" et "pistes d'actions" sont toutefois à l'étude. Des contacts sont pris ou seront pris non seulement avec les Etats-Unis mais aussi avec la Grande-Bretagne et la France. La Belgique n'est pas présente en Syrie, que ce soit dans un cadre diplomatique ou militaire. Elle peut donc agir uniquement en coopération avec d'autres États.
L'été passé, une opération a permis le rapatriement de six orphelins. La Belgique a "repris langue" avec les autorités kurdes. Les canaux par lesquels ces enfants ont pu être sortis de Syrie sont "toujours en place", d'après le ministre.
Jeudi, à l'invitation des Etats-Unis, une réunion des pays alliés dans la lutte contre l'État islamique se tiendra à Washington. Elle fournira l'occasion d'aborder ces différents problèmes, y compris celui du retour des enfants.
"Si des partenaires européens ou américains peuvent nous aider dans le retour d'enfants vers la Belgique, nous continuerons à leur demander de nous décrire les conditions dans lesquelles une telle opération peut avoir lieu (...) Je serais évidemment favorable à une telle opération", a souligné M. Reynders.
Le ministre n'a rien dit de la situation des mères qui accompagnent ces enfants, bien souvent elles aussi poursuivies ou condamnées pour terrorisme. Or, les instances nationales et internationales insistent sur l'importance de ne pas séparer mères et jeunes enfants.
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