Les Etats-Unis et les talibans se sont rencontrés dimanche à Doha pour une deuxième journée de discussions sur un accord visant à mettre un terme à un conflit qui dure depuis 18 ans en Afghanistan.
Les Etats-Unis, qui ont envahi l'Afghanistan et renversé les talibans en 2001, veulent retirer des milliers de soldats du pays et tourner la page de la plus longue guerre de leur histoire.
Mais ils veulent d'abord obtenir des insurgés l'assurance qu'ils cesseront tout lien avec Al-Qaïda et empêcheront d'autres jihadistes comme ceux du groupe Etat islamique d'utiliser l'Afghanistan comme un refuge.
Les pourparlers, qui en sont à leur huitième cycle, ont commencé samedi. Mais il n'était pas clair s'ils se poursuivraient lundi, aucune des deux parties n'ayant fait de commentaires à ce sujet.
Une source talibane a déclaré que des efforts étaient également en cours pour organiser une rencontre directe entre l'émissaire américain pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, et le chef politique des talibans, Mullah Baradar.
La dernière rencontre entre les deux hommes avait eu lieu en mai mais aucune confirmation n'a été donnée quant à une éventuelle rencontre au cours de ce huitième cycle de pourparlers.
Les Etats-Unis et leurs alliés de l'OTAN sont engagés depuis le 7 octobre 2001 dans une vaste opération militaire dans ce pays. Elle avait été lancée après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis (près de 3.000 morts), pour frapper les camps d'Al-Qaïda et son leader Oussama ben Laden.
Chassés du pouvoir par cette intervention, les talibans mènent depuis une insurrection en perpétrant de nombreuses attaques sanglantes.
Les civils continuent d'y mourir à un rythme "inacceptable", a récemment dénoncé la mission de l'ONU en faisant état de 1.500 d'entre eux tués ou blessés sur le seul mois de juillet.
Dimanche, deux personnes ont été tuées dans un attentat à la bombe revendiqué par une branche du groupe Etat islamique contre un bus transportant des employés d'une station de radio-télévision privée afghane. Dans le sud du pays, au moins sept policiers ont été tués après qu'un autre groupe de policiers, apparemment loyal aux talibans, a ouvert le feu, selon les autorités.
- "Progrès" -
Washington espère conclure un accord de paix avec les talibans d'ici le 1er septembre, avant les élections afghanes prévues le même mois et la présidentielle américaine en 2020.
En déplacement en Australie, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a rappelé dimanche la stratégie de résolution du conflit de son pays.
Le président américain Donald "Trump a dit très clairement qu'il souhaitait que nous élaborions une solution diplomatique qui nous permette de réduire nos forces (...) tout en veillant à ce que l'Afghanistan ne devienne plus jamais une plateforme d'où un terroriste peut frapper les Etats-Unis", a-t-il déclaré à la presse.
Le président Trump a parlé vendredi de "beaucoup de progrès" réalisés dans les négociations avec les insurgés afghans.
Selon le journal américain Washington Post, la proposition d'accord entre Washington et les talibans prévoit de réduire le nombre de soldats américains en Afghanistan à 8.000, contre 14.000 actuellement.
En échange, les talibans respecteraient un cessez-le-feu, rompraient leurs liens avec Al-Qaïda et parleraient à l'administration de Kaboul.
- "Accepter les femmes et leurs droits" -
Autre signe de progrès, le gouvernement afghan a formé une équipe de négociateurs pour des pourparlers directs avec les talibans, dont des diplomates espèrent qu'ils pourront avoir lieu dès la fin du mois.
Les détails de ces discussions n'ont pas été annoncés.
Jusqu'à présent, les talibans ont toujours refusé de discuter avec le gouvernement, qu'ils considèrent illégitime, à l'exception d'une réunion début juillet à Doha à laquelle des représentants gouvernementaux avaient pris part "à titre personnel".
"Nous voulons une République, pas un émirat", a déclaré le président afghan Ashraf Ghani sur Facebook, alors que les talibans ont insisté sur leur volonté de rétablir un émirat islamique tel qu'ils l'avaient proclamé en 1996.
"Les négociations seront difficiles, et les talibans devraient savoir qu'aucun Afghan n'est inférieur à eux en termes de religion ou de courage", a-t-il poursuivi.
Les questions épineuses du partage du pouvoir avec les talibans, du rôle des puissances régionales, dont le Pakistan et l'Inde, et du sort de l'administration du président Ghani restent à discuter.
Somaya Mustafa, 20 ans, une habitante de Kaboul, a déclaré que son pays avait désespérément besoin d'un accord de paix, mais un accord dans lequel les talibans "accepteraient les femmes et leurs droits".
"C'est le chaos dans notre pays en ce moment. Et si ça continue, les femmes souffriront plus que quiconque".
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