Le géant chinois des télécoms Huawei, déjà devenu au deuxième trimestre le numéro deux mondial des smartphones en devançant Apple, a affiché vendredi son ambition de détrôner Samsung au premier rang dès 2019, en dépit de son absence du crucial marché américain.
"Il est indéniable que nous serons au deuxième rang (des ventes mondiales de smartphones) l'an prochain. Il est même possible que nous soyons numéro un au quatrième trimestre 2019", a martelé Richard Yu, patron de la branche produits de consommation du groupe.
"Ces six derniers mois ont été incroyables", s'est-t-il émerveillé devant la presse au siège de Huawei à Shenzhen (sud de la Chine).
Huawei a écoulé quelque 95 millions de smartphones au premier semestre de l'année, un bond d'environ 30% sur un an, et devrait donc largement dépasser son objectif initial de 180 millions de téléphones vendus sur l'ensemble de 2018.
Et, pour la première fois, Huawei a bousculé au deuxième trimestre le duopole Apple-Samsung qui domine depuis huit ans le marché mondial, selon une enquête du cabinet IDC parue mardi.
Le sud-coréen Samsung a vendu 71,5 millions de téléphones entre avril et juin, soit une part de marché mondiale de 20,9%, suivi par Huawei avec 54,2 millions d'unités écoulées (15,8% du marché), selon les calculs d'International Data Corporation.
Le géant chinois a donc devancé l'américain Apple et ses 41,3 millions d'iPhones vendus (12,1% de part de marché), la marque à la pomme se voyant exclue du duo de tête pour la première fois depuis 2010.
La performance de Huawei intervient alors même que le marché mondial a baissé de 1,8% en glissement annuel au deuxième trimestre, sur fond d'essoufflement des ventes et de saturation endémique du marché.
Selon M. Yu, Huawei profite du succès d'articles premium (vendus plusieurs centaines d'euros) en Chine comme sur les marchés européens, où le groupe se développe tous azimuts.
Mais surtout, l'entreprise écoule de larges volumes d'appareils meilleur marché en Asie, en Afrique comme en Europe... s'imposant avec ses smartphones à moindre coût face aux produits plus onéreux de ses rivaux.
Pour autant, "il sera très compliqué" pour Huawei de devenir numéro un mondial, étant donné la morosité du marché et une concurrence acérée, insiste Mo Jia, analyste du secteur pour le cabinet Canalys à Shanghai.
"Avant qu'il puisse détrôner Samsung, il faut voir s'il poursuivra ou non sa stratégie axée sur des produits bon marché", insiste-t-il, tout en notant "un écueil de taille": son absence des Etats-Unis, le troisième marché mondial, où il est de facto quasi-bloqué.
Huawei a connu un échec cuisant dans ses efforts pour s'associer à des opérateurs télécoms américain afin de vendre ses téléphones dans le pays, sur fond de vives pressions politiques.
Fondé par un ex-ingénieur de l'armée chinoise, Huawei s'était déjà vu interdire l'accès à de vastes projets d'infrastructures aux Etats-Unis pour des raisons invoquées de sécurité nationale et de craintes d'espionnage, en dépit de farouches dénégations du groupe.
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