Le coup d'essai n'est pas passé inaperçu. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a fait ses premiers pas dans la diplomatie 2.0 en dévoilant sur Twitter des propos grinçants à son homologue turc Ahmet Davutoglu, qui lui a sèchement répondu par le même biais.
A l'issue du sommet qui a vu les pays de l'Union européenne (UE) et la Turquie parvenir à un accord sur la crise des migrants, M. Tsipras a publié sur ses comptes officiels en anglais et en grec quatre tweets pour, selon l'agence de presse grecque Ana, résumer son intervention auprès de M. Davutoglu.
Le ton est sec et met en cause à mots couverts le manque de coopération de la Turquie dans la lutte contre les passeurs qui font traverser chaque jour des centaines de migrants, pour l'essentiel syriens, entre la côte turque et les côtes grecques.
Il fait directement référence au le grave incident aérien au cours duquel l'aviation turque a abattu la semaine dernière un avion militaire russe près de sa frontière avec la Syrie.
"Heureusement que nos pilotes ne sont pas si nerveux que les vôtres envers les Russes", a commencé M. Tsipras. "Ce qui se passe en Égée est stupide et inconcevable", "nous dépensons des milliards en armements, vous pour violer l'espace aérien, nous pour vous intercepter", a enchaîné le chef du gouvernement grec.
"Nous avons les systèmes d'armement les plus modernes dans l'air, et en dessous nous ne pouvons pas localiser les passeurs qui noient des innocents", a-t-il conclu.
Peu diplomatique, la tonalité des messages de M. Tsipras n'a pas échappé à sa cible, qui l'a renvoyé dans les cordes, toujours sur Twitter et en anglais. "Les commentaires sur les pilotes par @atsipras ne reflètent pas l'esprit du jour. Alexis, concentrons-nous sur notre agenda positif", a rétorqué Ahmet Davutoglu.
Apparemment surpris par les vives réactions suscitées par ses propos, M. Tsipras a effacé quelques heures plus tard ses tweets rageurs, uniquement en anglais.
A la place, il en a publié d'autres, sur un ton plus consensuel. "Nous soutenons l'avancée du processus d'adhésion (de la Turquie à l'UE, ndlr) sur la base du cadre de négociations existant", a écrit M. Tsipras, "nous sommes dans le même voisinage et nous devons parler honnêtement pour trouver des solutions".
La Grèce et la Turquie ont longtemps entretenu des relations difficiles, notamment au sujet de leurs frontières maritimes et de la partition de l'île de Chypre en 1974. Le climat entre les deux pays s'est toutefois récemment apaisé.
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