L'annonce d'un cessez-le-feu dans le nord de la Syrie a marqué, au Congrès américain, un apaisement de la rare fronde des républicains contre Donald Trump, même si les élus maintiennent leur menace de sanctions contre Ankara.
"Il semble que nous ayons fait de réels progrès" a salué l'influent sénateur conservateur Lindsey Graham.
Très proche de Donald Trump, il menait depuis des jours la rébellion républicaine contre le président, indigné par sa décision soudaine de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie: "la plus grosse erreur de sa présidence".
"Je me tiens prêt à continuer à travailler avec le président pour bâtir sur cette percée", a-t-il poursuivi dans un communiqué.
Mais M. Graham a précisé à des journalistes au Sénat qu'il continuerait "à travailler" sur le projet de sanctions draconiennes qu'il avait présenté un peu plus tôt, en compagnie de sénateurs républicains et démocrates.
Une rare alliance témoignant de la profonde indignation qui agitait le Congrès depuis que M. Trump avait semblé donner le feu vert, le 6 octobre, à l'opération turque contre les forces kurdes en Syrie.
"Je ne fais pas confiance (au président turc Recep Tayyip) Erdogan. Je vais continuer à chercher des soutiens mais cela semble encourageant", a ajouté M. Graham.
Peu avant, le vice-président américain Mike Pence avait annoncé depuis Ankara que la Turquie allait suspendre son offensive dans le nord de la Syrie pendant cinq jours et y mettrait fin si les forces kurdes se retiraient de ce secteur durant ce délai.
- "Pas une victoire" -
Donald Trump s'est félicité de l'annonce d'un "cessez-le-feu", estimant que "le président Erdogan (était) très intelligent et (voulait) que cela dure".
"On n'aura pas besoin de sanctions car la Turquie fait ce qu'elle fait", a-t-il ajouté depuis le Texas.
La menace d'une mutinerie contre M. Trump dans ses rangs au Congrès semblait bien avoir été repoussée, avec la bonne volonté affichée de ténors républicains.
Est-ce que cet accord est "parfait? Probablement pas", a déclaré aux journalistes Jim Risch, président républicain de la puissante commission des Affaires étrangères au Sénat. "Cela étant dit, voyons un peu ce qui va en sortir et ce qu'il se passe".
Mais les élus d'ordinaires plus critiques restaient sceptiques.
"A part donner aux Kurdes l'opportunité de partir pour ne pas être massacrés, cela ne me semble pas représenter un changement pour les autres dynamiques qui m'inquiètent", a déclaré Marco Rubio.
Dans l'hémicycle, le républicain Mitt Romney, détracteur régulier du président, a tonné: "L'annonce d'aujourd'hui est présentée comme une victoire. Elle est loin d'être une victoire".
Juste avant l'annonce de la suspension des hostilités, Lindsey Graham accompagné du sénateur démocrate Chris Van Hollen et d'autres parlementaires, dont une autre proche alliée de M. Trump, Marsha Blackburn, avaient présenté leur projet de sanctions "dévastatrices" contre la Turquie.
Elles imposeraient notamment à l'administration Trump de geler les avoirs aux Etats-Unis des plus hauts dirigeants turcs, dont le président Erdogan.
Aucune date n'a encore été fixée pour un vote sur cette proposition de loi au Sénat. S'il passait cette étape, le texte de MM. Graham et Van Hollen devrait ensuite être adopté par la Chambre des représentants dominée par les démocrates.
Dans un dur camouflet pour le président américain, près des deux tiers des républicains de la Chambre des représentants avaient voté mercredi pour une résolution condamnant la politique de Donald Trump en Syrie. Avant tout symbolique car non-contraignante, elle avait été adoptée à une très large majorité de la Chambre.
Vos commentaires