Donald Trump passe mardi sa dernière journée à la Maison Blanche, une fin de mandat marquée par une profonde division des Etats-Unis, et pourrait profiter de ces ultimes instants pour utiliser largement son pouvoir de grâce dans un dernier pied de nez à ses adversaires.
Lundi, il a annoncé la levée prochaine de l'interdiction d'entrée pour les voyageurs européens et brésiliens afin de lutter contre le coronavirus, une mesure immédiatement rejetée par son successeur, Joe Biden.
Et pour sa dernière journée, le milliardaire républicain pourrait frapper un grand coup en graciant jusqu'à une centaine de personnes, selon plusieurs médias.
Ces derniers mois, Donald Trump a exonéré des collaborateurs et des proches, certains ayant été condamnés dans le cadre de l'enquête sur une possible collusion entre la Russie et son équipe de campagne en 2016. Ces grâces pourraient concerner Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, le rappeur Lil Wayne, qui risque jusqu'à 10 ans de prison pour possession d'une arme à feu, un célèbre médecin de Floride condamné pour fraude, ou son ancien conseiller tombé en disgrâce Steve Bannon.
M. Trump pourrait aussi se gracier lui-même, des membres de sa famille ou certains des assaillants contre le Capitole le 6 janvier, quand des centaines de partisans de Donald Trump avaient envahi le siège du Congrès pour tenter d'invalider la victoire de Joe Biden. Cinq personnes sont mortes dans les violences.
Le président sortant, qui avait appelé ses supporteurs à marcher sur le Congrès, a été mis en accusation pour "incitation à l'insurrection" et son procès en destitution pourrait s'ouvrir au Sénat peu après l'investiture de son successeur.
"Et s'il graciait ces personnes qui sont des terroristes du Capitole?", s'est alarmée dimanche la cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi.
Cette perspective inquiète même au sein du camp républicain. "Demander une grâce pour ces personnes serait une mauvaise chose", a prévenu dimanche sur Fox New le sénateur Lindsey Graham, un proche de M. Trump.
La capitale fédérale semble depuis plusieurs jours en état de siège, traumatisée par l'assaut meurtrier sur le Capitole.
Les mesures de sécurité entourant la cérémonie d'investiture, prévue à 12H00 locale mercredi (17H00 GMT), sont exceptionnelles. Quelque 25.000 soldats de la Garde nationale et des milliers de policiers venus de tout le pays seront déployés pour assurer la sécurité.
Près de 70 manifestants ont été inculpés pour avoir participé aux violences et des centaines de personnes font l'objet d'une enquête. Parmi eux, des élus et des membres anciens ou actifs des forces de l'ordre.
Afin de s'assurer que les Gardes nationaux ne présentent aucun risque pour la sécurité, le FBI a annoncé contrôler les antécédents des réservistes qui seront déployés mercredi.
Le ministre de la Défense par intérim, Christopher Miller, a indiqué lundi n'avoir reçu "aucune information sur une menace de l'intérieur".
Dans un message d'adieu diffusé lundi sur Twitter, Melania Trump a appelé les Américains à être "tout faire avec passion et rappelez-vous que la violence n'est jamais la réponse et ne sera jamais justifiée".
Dans la capitale, des militaires en armes et des policiers stationnés devant des véhicules blindés ont remplacé les passants et la circulation dans des rues bloquées par des blocs de béton.
De hautes grilles, parfois surmontées de barbelés, protègent la "zone rouge" entre la colline du Capitole et la Maison Blanche. On est loin de l'ambiance de liesse qui avait envahi la capitale après la victoire de Joe Biden.
Les autorités ont également dissuadé la population à se rendre à Washington pour assister à la cérémonie d'investiture, en raison de la pandémie de coronavirus, et appelé à suivre cette journée à la télévision.
Le comité organisateur de la cérémonie a limité le nombre d'invités et sur l'immense esplanade du "National Mall", où des milliers d'Américains viennent traditionnelement voir leur nouveau président prêter serment, plus de 190.000 drapeaux ont été plantés pour représenter ce public absent.
Donald Trump a prévu de quitter Washington tôt mercredi pour rejoindre sa résidence de Mar-a-Lago en Floride. Il est le premier président sortant à ne pas vouloir assister à la prestation de serment de son sucesseur depuis Andrew Johnson en 1869.
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