Le président américain Donald Trump a confirmé vendredi envisager le transfert de clandestins arrêtés à la frontière vers des "villes sanctuaires", pour la plupart démocrates, afin, a-t-il ironisé, de faire plaisir à ses adversaires politiques.
Les "villes sanctuaires", comme San Francisco ou Chicago, refusent d'arrêter à grande échelle les migrants en situation irrégulière, limitant leur coopération avec les agents fédéraux chargés de l'immigration.
"Sachant que les démocrates sont réticents à changer nos lois très dangereuses sur l'immigration, nous envisageons en effet très sérieusement, comme rapporté (par la presse NDLR), de placer des immigrants illégaux dans des villes sanctuaires", a écrit sur Twitter le président américain.
Le locataire de la Maison Blanche a rédigé ces tweets au lendemain d'un article du Washington Post. Selon le journal, qui citait un responsable de la Maison Blanche sous couvert d'anonymat, cette hypothèse était "simplement une suggestion" qui a finalement été "rejetée".
Prenant le contre-pied de ses propres services, M. Trump a affirmé vendredi que ce projet était en réalité toujours d'actualité.
"La Gauche Radicale semble toujours avoir une stratégie de frontières ouvertes (...). Cela devrait les rendre très heureux", a-t-il lancé dans un tweet chargé d'ironie.
"Nous leur donnerons beaucoup (d'immigrants illégaux)", a-t-il ajouté un peu plus tard lors d'une cérémonie à la Maison Blanche. "Nous avons une offre illimitée à leur proposer", a-t-il encore ironisé.
Les maires de plusieurs grandes villes concernées ont riposté au président, réaffirmant, également sur Twitter, leur détermination à demeurer des "villes sanctuaires".
"La dernière idée haineuse de l'administration Trump n'est rien de plus qu'une diversion superflue et une perte de temps. Nous avons besoin de vraies solutions qui défendent nos valeurs, pas de politiques honteuses qui diabolisent les immigrés", a ainsi réagi Eric Garcetti, maire démocrate de Los Angeles.
Sur la côte Est, le maire de New York, Bill de Blasio, a quant à lui accusé Donald Trump "de créer crise sur crise dans le cadre d'une stratégie cynique."
"A San Francisco, nous sommes fiers d'être une ville sanctuaire et nous continuerons à protéger nos habitants", a écrit la maire de la ville, London Breed, estimant elle aussi que le président Trump cherchait "à faire les gros titres et à détourner l'attention des vrais problèmes".
Elue de San Francisco, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi est elle aussi montée au créneau pour dénoncer, via une porte-parole, "le cynisme et la cruauté" de l'exécutif. "Utiliser des êtres humains - dont de jeunes enfants - comme pions dans leur jeu tordu pour alimenter la peur des immigrés est méprisable", a dit cette porte-parole.
Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration illégale son cheval de bataille et a dépeint les milliers de migrants venus d'Amérique centrale ces derniers mois comme une menace à la sécurité nationale, accusant régulièrement les démocrates de laxisme.
Il a réclamé, en vain jusqu'ici en l'absence d'accord au Congrès, une refonte profonde des lois sur l'immigration, jugeant que les textes en vigueur aux Etats-Unis faisaient partie "des plus stupides au monde".
Le Pentagone a indiqué mercredi s'attendre à de nouvelles demandes d'assistance de l'administration Trump pour empêcher l'immigration illégale à la frontière avec le Mexique.
Outre quelque 6.000 militaires déployés le long de la frontière, le Pentagone a été chargé par le ministère de la Santé de trouver des installations militaires susceptibles d'accueillir 5.000 enfants migrants non accompagnés.
Par ailleurs, frustré par le refus du Congrès de lui accorder le budget qu'il réclamait pour construire un mur, M. Trump a déclenché mi-février une procédure d'"urgence nationale", qui lui permet de contourner les parlementaires pour débloquer des financements.
Le ministre de la Défense par intérim Patrick Shanahan a d'ores et déjà débloqué un milliard de dollars du budget de lutte contre le trafic de drogue du Pentagone pour la construction d'une section du mur frontalier.
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