Les autorités turques ont annoncé vendredi avoir arrêté 82 étrangers soupçonnés de liens avec le groupe Etat islamique (EI) qui projetaient de se rendre en Syrie, lors d'un nouveau coup de filet illustrant un renforcement de la traque aux milieux jihadistes dans le pays.
Les 82 suspects ont combattu par le passé dans les rangs de l'EI et envisageaient de se rendre en Syrie "dans les prochains jours", a rapporté l'agence étatique Anadolu. Les arrestations ont été opérées lors de raids policiers visant 14 adresses à Istanbul vendredi, a expliqué l'agence.
Les nationalités des étrangers arrêtés n'ont pas été précisées.
Les dernières interpellations portent à plus de 300 le nombre de personnes arrêtées pour des liens présumés avec l'EI depuis jeudi en Turquie où les annonces de coups de filets visant des cellules jihadistes se sont multipliées ces dernières semaines.
Selon l'agence privée Dogan, les services de sécurité sont passés à l'action sur la base d'informations faisant état de menaces d'attentats lors des commémorations, célébrées vendredi, de la mort il y a 79 ans du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk.
L'agence a affirmé vendredi que près de 800 "terroristes" de l'EI avaient réussi à entrer en Turquie, sans préciser sur quelle période.
Les raids policiers d'Istanbul sont survenus au lendemain d'une vaste opération des services de sécurité à Ankara au cours de laquelle plus de 200 personnes ont été arrêtées jeudi, selon les médias turcs. Dogan a affirmé qu'il s'agit principalement de Syriens.
Onze Syriens membres présumés de l'EI ont par ailleurs été arrêtés vendredi à Adana, dans le sud du pays, selon Anadolu, et 16 autres, dont la nationalité n'a pas été précisée à Izmir (ouest), et à Trabzon (nord).
La Turquie a été frappée depuis deux ans par de nombreux attentats meurtriers attribués ou revendiqués par l'EI, dont le dernier en date a fait 39 morts, principalement des étrangers, dans une discothèque huppée d'Istanbul la nuit du Nouvel An dernier.
Depuis cette attaque, les autorités procèdent régulièrement à l'arrestation de "terroristes" présumés, tandis que les mesures de sécurité ont été considérablement renforcées.
Selon une compilation de chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur, environ 450 personnes soupçonnées de liens avec l'EI ont été arrêtées à travers la Turquie au cours du seul mois d'octobre.
- Revers -
La Turquie a longtemps été le principal point de passage vers la Syrie des étrangers, notamment occidentaux, souhaitant rejoindre des groupes jihadistes, dont l'EI.
Longtemps accusée de ne pas faire assez pour lutter contre la montée en puissance de l'EI et de fermer les yeux sur ces passages, la Turquie, à la suite des attaques sur son sol, a fermé sa frontière avec la Syrie et a multiplié les arrestations et expulsions de jihadistes étrangers présumés.
L'EI a subi ces derniers mois une série de défaites, reculant sous le coup d'offensives multiples soutenues par l'aviation russe ou par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis. Le groupe ultraradical ne contrôle plus que quelques poches de territoires, principalement des deux côtés de la frontière poreuse entre la Syrie et l'Irak.
La Turquie avait mené une offensive transfrontalière en Syrie entre août 2016 et mars 2017, visant à repousser l'EI et des milices kurdes qu'Ankara considère comme terroristes.
Cette première offensive, baptisée "Bouclier de l'Euphrate", avait notamment permis aux rebelles syriens appuyés par la Turquie de reprendre à l'EI plusieurs villes dont Jarabulus, Al-Rai, Dabiq et enfin Al-Bab.
La Turquie a ensuite déployé en octobre des troupes et des blindés dans la province syrienne d'Idleb, contrôlée en grande partie par des jihadistes de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie, afin d'y instaurer une "zone de désescalade" dans le cadre d'un accord avec la Russie et l'Iran.
Les revers territoriaux de l'EI ne signifient ni sa défaite définitive ni son éradication, préviennent les experts. Ces revers font notamment craindre une multiplication des attentats menés par l'EI à l'étranger, comme celui qui a causé la mort de 8 personnes à New York fin octobre.
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