Les autorités turques ont de nouveau insisté mardi sur les liens "incontestables" de l'auteur de l'attentat du 18 février à Ankara, formellement identifié par son ADN comme un Turc kurde, avec la milice kurde de Syrie.
Le kamikaze responsable de l'attentat à la voiture piégée qui a tué 29 personnes dans le centre de la capitale turque avait d'abord été présenté par le gouvernement comme un réfugié syrien nommé Salih Necar.
Des tests ADN ont permis mardi de l'identifier comme Abdülbaki Sömer, un Turc kurde originaire de Van (est), a annoncé l'agence de presse officielle Anatolie.
Dix personnes, dont son frère et son père, ont d'ailleurs été arrêtées dans la journée à Van, au cours d'une cérémonie de condoléance à la mémoire du kamikaze.
Le mouvement kurde armé radical qui a revendiqué l'attentat, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, qui est engagé depuis 1984 dans une rébellion meurtrière), avait également affirmé que son auteur était Abdülbaki Sömer, né en 1989.
"Quelle que soit son identité précise, que l'enquête judiciaire élucidera, il est clair que le kamikaze d'Ankara provient de Rojava, la région du Parti de l'Union démocratique (PYD)", un groupe rebelle kurde syrien, avait soutenu plus tôt dans la journée le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulmus, à un groupe de journalistes.
"Il apparaît que ce n'est pas la personne présentée au début", avait reconnu M. Kurtulmus. "Cela ne change en rien au fond de l'affaire qui est que cet attentat a été commis en collaboration par le PKK et le YPG (Unités de protection du peuple, bras armé du Parti de l'Union démocratique, PYD, un parti kurde syrien)".
Le chef du PYD, Saleh Muslim, et un des responsables du PKK, Cemil Bayik, ont nié ces accusations.
Ankara considère le PYD et les YPG comme des groupes "terroristes", car liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
L'artillerie turque bombarde par intermittence depuis plus d'une semaine les positions du YPG aux alentours d'Azaz (nord de la Syrie) et ses environs, proche de sa frontière, en riposte, selon Ankara, à des tirs de cette milice, conformément aux règles d'engagement établies par Ankara.
Quatorze personnes ont été inculpés par un tribunal d'Ankara dans la nuit de dimanche à lundi en lien avec l'attentat.
Une enquête a aussi été ouverte, visant une élue locale du principal parti prokurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), Tugba Hezer, qui aurait pris part à la cérémonie d'hommage au kamikaze à Van.
"Participer à une cérémonie de condoléances à la mémoire d'un kamikaze, lui rendre hommage, c'est la plus grande trahison de l'humanité qui se puisse concevoir", a jugé le Premier ministre Ahmet Davutoglu.
Le HDP est en butte à l'hostilité du gouvernement, qui lui reproche d'être la vitrine politique du PKK.
Vos commentaires