De "réels progrès" ont été réalisés dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine mais il reste encore de nombreux points irrésolus, a mis en garde mercredi le principal négociateur américain.
Alors que Washington exige du gouvernement chinois de cesser ses pratiques commerciales jugées déloyales, Robert Lighthizer a également insisté, lors d'une audition devant la Chambre des représentants, sur les difficultés qui attendent l'administration Trump si un accord était trouvé avec un pays qui n'a pas respecté ses engagements par le passé.
"Il y a encore beaucoup à faire avant qu'un accord puisse être noué et plus important encore, quand celui-ci sera signé si un accord est trouvé", a-t-il reconnu devant les élus démocrates et républicains qui l'ont interrogé pendant près de trois heures trente.
Il a rappelé une règle bien connue des négociateurs de traités commerciaux: "Il n'y aucun accord sur rien tant qu'il n'y a pas un accord sur tout".
Les négociations avec la Chine, frappée par la guerre des tarifs douaniers déclenchée par le président américain, ont repris en début d'année. Donald Trump a décidé de prolonger la trêve conclue en décembre 2018 avec le président chinois Xi Jinping, estimant que les négociations progressaient bien.
Il prévoit même de rencontrer M. Xi dans les prochaines semaines sur ses terres en Floride pour "signer un accord".
- Virage économique -
M. Lighthizer a pour sa part estimé que son équipe et lui-même "devraient être en mesure d'obtenir un accord qui contribuera à prendre un nouveau virage dans (leur) relation économique avec la Chine".
Répondant très précisément aux questions portant parfois sur de petits détails, Robert Lighthizer a rappelé l'objectif: obtenir un accord se traduisant par un changement draconien des pratiques commerciales actuelles de la Chine, citant le transfert forcé des technologies américaines ou les subventions des entreprises d'Etat chinoises.
Cet accord devra être "mis en oeuvre à tous les niveaux du gouvernement", a martelé le responsable américain, rappelant que par le passé, "dans de très rares cas, ils (les Chinois) avaient respecté leurs engagements".
"Je ne suis pas suffisamment stupide pour penser qu'une seule négociation va changer l'ensemble de nos relations (commerciales) avec la Chine", a-t-il également déclaré tout en insistant sur le fait que l'administration Trump ne se contenterait pas d'un accord entérinant de simples achats supplémentaires de produits agricoles américains ou centré sur le soja américain, très prisé des Chinois.
La Chine "triche depuis des décennies" et il faut donner "crédit à Donald Trump pour être le premier président à affronter ses pratiques commerciales déloyales", a commenté Kevin Brady, le président républicain de la Commission.
"Nous sommes en position de nous attaquer à ces problèmes après des décennies d'inaction", a réagi Robert Lighthizer.
Interrogé sur ce qui ferait le succès d'un potentiel accord, il a rétorqué "sa mise en oeuvre". S'il n'était pas appliqué, cela n'aurait aucune valeur, a-t-il argué.
- Sacrifices nécessaires -
Aux élus citant l'exemple d'entrepreneurs durement touchés par la guerre commerciale, il a souligné que l'administration Trump s'efforçait de minimiser l'impact sur les Américains mais qu'il fallait garder le cap face aux enjeux: faire changer les pratiques chinoises et maintenir la domination américaine dans le secteur des hautes technologies.
Depuis que la Chine a rejoint l'Organisation mondiale du commerce (OMC), cinq millions d'emplois du secteur manufacturier et des millions d'autres emplois ont été perdus aux Etats-Unis, en raison des délocalisations dans un pays où la main d'oeuvre est moins chère, a-t-il rappelé.
Il a par ailleurs cité en exemple le secteur de l'aluminium, pour lequel la Chine a créé "une extraordinaire surcapacité" en contrôlant l'accès à son marché et en le subventionnant, ce qui a eu pour effet de "décimer l'industrie de l'aluminium du monde entier".
Il a enfin exhorté démocrates et républicains à entériner l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada (AEUMC) signé le 30 septembre dernier. "Si le texte ne passe pas, ce serait une catastrophe à travers le pays", a-t-il mis en garde, soulignant que la "crédibilité" des Etats-Unis dans les négociations avec la Chine, l'Union européenne ou le Japon était aussi en jeu.
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