Un homme sanctionné depuis l'année dernière par les Etats-Unis pour des violations présumées des droits humains en Corée du Nord et qui est considéré comme le bras droit du dirigeant Kim Jong Un est devenu le chef de l'Etat nord-coréen, un poste très largement honorifique.
Ce remplacement annoncé vendredi par la presse officielle fait partie d'un remaniement au sommet qui cimente encore, selon les analystes, l'emprise sur le pouvoir de Kim Jong Un, lequel se voit décerner un nouveau titre.
M. Kim est ainsi devenu "représentant suprême de tout le peuple coréen" tout en étant réélu à la présidence de la Commission des affaires d'Etat, le premier organe de l'Etat nord-coréen, a écrit l'agence de presse officielle KCNA reçue à Séoul.
Son nouveau mandat est destiné aux yeux des analystes à faire de lui un dirigeant plus moderne, aux fonctions plus proches des présidents et des Premiers ministres d'autres pays.
La décision a été officialisée pendant une réunion de l'Assemblée suprême du peuple, le Parlement nord-coréen, qui fait office de chambre d'enregistrement.
Choe Ryong Hae a remplacé Kim Yong Nam, 91 ans, aux fonctions -que ce dernier a exercées pendant près de vingt ans- de président de l'Assemblée suprême, qui est sur le papier le chef de l'Etat, le vrai pouvoir en Corée du Nord étant détenu par Kim Jong Un et les membres de sa famille les plus proches de lui.
Le remaniement survient dans un contexte d'offensives diplomatiques qui ont vu l'homme fort de Pyongyang participer à des sommets historiques avec les dirigeants américain, chinois et sud-coréen.
- Longue liste -
Né en 1950, M. Cho, souvent qualifié de "numéro deux virtuel" de la Corée du Nord, avait conduit dans les années 1980 des délégations de la jeunesse nord-coréenne dans plusieurs pays, comme la Russie, la Libye et la Chine, avant d'être promu en 2017 membre de la puissante Commission militaire centrale.
Des médias sud-coréens ont laissé entendre que l'un de ses fils est marié à la soeur de Kim Jong Un, Kim Yo Jong.
M. Choe est aussi l'un des trois dirigeants nord-coréens sanctionnés fin 2018 par Washington pour leur rôle à la tête des "départements mettant en oeuvre au nom du régime une censure d'Etat brutale" et responsables de "violations des droits humains et d'autres abus en vue de réprimer et de contrôler la population".
Selon les analystes, ces sanctions n'auront que peu de répercussions sur ses activités diplomatiques futures tant que se poursuivra le dialogue sur le nucléaire avec Washington.
"Kim Yong Chol, le premier négociateur sur le nucléaire du Nord, est sanctionné par Washington depuis 2010", relève Ahn Chan-il, le président de l'Institut mondial des études nord-coréennes à Séoul.
"Mais il s'est rendu cette année sans problèmes à Washington. les Etats-Unis feront toujours des exceptions, tant que Pyongyang aura quelque chose à offrir".
Le nouveau titre de Kim Jong Un s'ajoute à une liste déjà longue de hautes fonctions qui se sont accumulées depuis son arrivée au pouvoir à la mort de son père Kim Jong Il en 2011.
Cet événement signifie peut-être que le Nord a procédé à une révision constitutionnelle afin de conférer davantage d'autorité au jeune dirigeant, avancent les analystes.
"Si Pyongyang a vraiment révisé sa Constitution, alors cela signifie simplement que Kim Jong Un a aujourd'hui plus de pouvoir que jamais", estime M. Ahn. "Si c'est le cas, Kim sera celui qui représentera officiellement Pyongyang en Corée du Nord et à l'étranger".
Selon Jeong Young-tae, un analyste à l'Institut des études nord-coréennes de Séoul, le nouveau mandat du dirigeant participe des efforts du Nord pour "séculariser" le pouvoir de M. Kim.
"Kim Jong Un veut changer l'image de la Corée du Nord sur la scène internationale, en faire un pays socialiste +normal+", dit-il à l'AFP.
"Le nouveau titre de +représentant+ est une rupture comparé à ses titres précédents qui faisaient penser à une secte religieuse".
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