Une première phase de fouilles a été entreprise lundi sur un terrain ayant longtemps appartenu au tueur en série Michel Fourniret à Floing (Ardennes), près de Sedan, alors que les corps d'au moins deux de ses victimes n'ont jamais été retrouvés.
Ces recherches, débutées vers 09H30 et achevées peu après 17H00, ont été menées par une quinzaine de gendarmes équipés notamment d'une pelleteuse et d'un géo-radar, sur "l'ancien jardin d'enfants" de la propriété, selon la gendarmerie, confirmant une information du quotidien régional L'Union-L'Ardennais.
Elles devraient se poursuivre au moins jusqu'à mardi.
D'après le journal, qui en a révélé l'existence en mai, ce lopin de terre sur lequel se trouvent notamment un bac à sable et une balançoire, a appartenu de 1964 à 1999 à celui qu'on surnomme "l'Ogre des Ardennes".
Michel Fourniret a lui-même vécu dans une grange aménagée à quelques dizaines de mètres de là, sur la vaste propriété du "Clos de la Joncquière", qu'il a ensuite vendue en plusieurs parcelles, tout comme la grange qu'il occupait.
Niché entre ces parcelles, ce jardin d'environ 150m² a cependant été sanctuarisé par Fourniret: les acheteurs en ont certes obtenu la copropriété, mais avec interdiction d'y toucher, une volonté respectée par les nouveaux propriétaires. Et contrairement à la maison, il n'a jamais été fouillé.
"Il y a sur place des équipes spécialisées, sous la direction d'un coordinateur criminalistique, avec des moyens techniques et humains de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Sont notamment présents trois techniciens de l'identification criminelle de Charleville-Mézières, des membres de la section de recherche de Dijon et la doyenne des juges d'instruction de Paris", Sabine Kheris, a détaillé à l'AFP la gendarmerie.
Cette dernière est chargée de l'enquête sur les meurtres de deux jeunes filles de l'Yonne, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, que Fourniret a reconnus en février après les avoir niés dans le passé.
- "Allers-retours" le soir -
La presse a été tenue à l'écart du site de recherches, au bout d'un chemin assez caché derrière des maisons de type pavillonnaires à 3 km de Sedan.
Sur place, Annick Cuchet, 65 ans, dont les parents étaient les voisins de Fourniret, a assuré à l'AFP avoir tenté d'attirer l'attention sur ce lopin de terre où les enfants du voisinage venaient régulièrement jouer.
"Il creusait le soir... Il faisait des tranchées, on l'a déjà dit mais ça ne faisait pas bouger", assure-t-elle, précisant avoir finalement été interrogée dans le cadre d'une commission rogatoire "très récemment".
"Qu'on trouve ou non quelque chose, au moins on sera sûrs", tranche-t-elle, se souvenant aussi d'un homme "toujours poli, le genre irréprochable, qui n'avait de problème avec personne".
"Il était taciturne. On l'entendait faire des allers-retours, surtout le soir", a témoigné également la fille d'une autre voisine, qui préfère garder l'anonymat. "On ne savait pas trop ce qu'il faisait. Il avait l'air occupé."
Agé de 76 ans, Michel Fourniret a été condamné en 2008 à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol.
Le 16 novembre, il a été à nouveau condamné à la perpétuité pour l'assassinat en 1988 de Farida Hammiche, âgée de 30 ans au moment de sa disparition et dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Marie-Angèle Domece, handicapée mentale, avait pour sa part disparu le 8 juillet 1988 dans l'Yonne, à 19 ans. Son corps n'a pas non plus été découvert.
En mars, Michel Fourniret a aussi lui-même relancé les spéculations sur sa possible implication dans la disparition d'Estelle Mouzin en 2003, à l'âge de neuf ans à Guermantes (Seine-et-Marne), en livrant devant une juge d'instruction ce qu'une avocate de la famille Mouzin qualifie d'"aveux en creux".
Des fouilles ont été menées en septembre au domicile d'une de ses ex-épouses, sans résultat.
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