Donald Trump a dénoncé lundi le "racisme" et le "suprémacisme blanc" qu'il est lui-même accusé d'alimenter, après les deux fusillades ayant fait 31 morts au total ce week-end aux Etats-Unis, dont 22 à El Paso, au Texas, où il doit se rendre mercredi.
Le déplacement du président américain sera scruté de près dans la ville texane frontalière avec le Mexique. Y reprendra-t-il le ton solennel adopté lundi matin à la Maison Blanche, lors d'une brève allocution à la nation, pour condamner "le racisme, le sectarisme, et le suprémacisme blanc"? Ou répondra-t-il à ceux qui l'accusent dans l'opposition démocrate d'avoir, tel un pompier pyromane, soufflé sur les braises de l'incendie qu'il tente d'apaiser depuis l'enchaînement des deux massacres?
Celui perpétré samedi à El Paso, par un tireur de 21 ans qui s'est ensuite rendu à la police, est traité comme un cas de "terrorisme intérieur" dans une ville à forte majorité latino-américaine. Son auteur, Patrick Crusius, avait mis en ligne avant de passer à l'acte un manifeste dans lequel il dénonçait une "invasion" hispanique au Texas.
Un mot régulièrement utilisé par Donald Trump dans sa rhétorique anti-immigrants, que ses opposants ont sévèrement critiqué ces derniers jours. Très discret depuis son départ de la Maison Blanche, l'ancien président démocrate Barack Obama a notamment appelé, sans nommer directement son successeur républicain, à "rejeter fermement les discours (...) normalisant les sentiments racistes".
Le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a qualifié la fusillade d'El Paso, où il était en visite, d'"acte de terrorisme contre les Mexicains".
Selon les autorités locales, au moins sept ressortissants mexicains comptent parmi les victimes --avec 13 Américains et un Allemand-- alors que la nationalité de l'une d'entre elles restait à déterminer. Les noms de familles des victimes américaines laissent supposer que la grande majorité d'entre elles étaient d'origines hispaniques.
Le lobby des armes applaudit
Donald Trump a appelé lundi dans son allocution matinale à mieux "agir face aux signes précurseurs" de violence. Il a réclamé une loi qui permettrait de retirer leur arme à des personnes identifiées --notamment par des membres de leur famille-- comme présentant un danger pour elles-mêmes ou les autres.
Il a également indiqué avoir demandé au ministère américain de la Justice de travailler à une loi garantissant l'exécution "rapide" des auteurs de "crimes motivés par la haine" et de "tueries de masse". Il avait appelé plus tôt sur Twitter à une meilleure vérification des antécédents des personnes souhaitant acheter des armes à feu, tout en voulant coupler cette mesure à "une réforme migratoire urgemment nécessaire".
Des élus ont fait valoir que la Chambre des représentants, à majorité démocrate, avait justement adopté en février une réforme allant dans le sens de plus de vérifications, qui attend depuis plusieurs mois d'être votée au Sénat, où les républicains sont majoritaires.
Mais le président, qui est soutenu par la NRA, le puissant lobby américain des armes à feu, a surtout insisté sur le rôle néfaste que jouerait selon lui internet dans le passage à l'acte de personnes souffrant de troubles mentaux. "Nous devons arrêter l'idéalisation de la violence dans notre société", a-t-il souligné, estimant qu'il était "trop facile aujourd'hui pour les jeunes en difficulté de s'entourer d'une culture célébrant la violence", notamment à travers les jeux vidéo.
Une réponse saluée par la NRA, qui se félicite dans un communiqué de voir Donald Trump pointer "les racines" de la violence plutôt que les armes permettant de la perpétrer. Dans ses tweets, le milliardaire républicain avait également accusé les médias, l'une de ses cibles préférées, de "grandement contribuer à la colère et à la rage qui se sont développées" aux Etats-Unis.
30 secondes, 9 morts
Treize heures seulement après la tuerie d'El Paso, un autre drame a éclaté dans l'Ohio, à l'autre bout du pays, dans un quartier animé de la ville de Dayton.
Un homme blanc de 24 ans, Connor Betts, équipé d'un fusil à cadence rapide, y a abattu neuf personnes et fait 27 blessés avant d'être tué par des policiers. "Pour l'instant, rien n'indique un mobile raciste", a déclaré lundi le chef de la police locale, sans écarter aucune piste.
Parmi les victimes figurent six Noirs et trois Blancs âgés de 22 à 57 ans, dont la propre soeur du tireur. Le bilan aurait pu être encore plus dramatique. Des policiers qui patrouillaient tout près de là ont abattu Connor Betts trente secondes après ses premiers tirs.
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