Alors qu’il ne s’était pas exprimé à la télévision depuis le soir de l’élection, Donald Trump a livré cette nuit un discours lunaire dans lequel il a accusé les démocrates de fraude. Le ton était tellement violent que les trois principaux réseaux de télévision ont interrompu la retransmission.
"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l'élection. Notre but est de défendre l'intégrité de l'élection. Nous ne permettrons pas que la corruption vole une élection aussi importante", a-t-il lancé.
Tous les coups sont permis
Quinze minutes de délire au cours desquelles Trump a martelé qu’on lui volait sa victoire, que les décomptes étaient truqués, que les sondages étaient faux et que ses adversaires étaient corrompus. Tout ça bien sûr sans apporter la moindre preuve. ABC, CBS et NBC, les trois grands réseaux de télévision américains, ne l’ont pas laissé terminer, seules CNN et Fox News ont diffusé l’intégralité du discours, mais pour le démolir ensuite au cours d’éditoriaux impitoyables.
Pour un observateur censé, Trump a, comme on dit, "pété les plombs" et cherche à faire exploser le système pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir, si nécessaire avec l’aide de la Cour suprême. Il a d’ailleurs promis de porter devant la justice une énorme quantité de contentieux.
Mauvais joueur, mauvais perdant
Cette attitude tranche complètement avec la tradition de fair-play généralement adoptée dans les heures qui suivent une élection présidentielle. Jusqu’à présent, le rituel était immuable.
Le candidat vaincu prenait la parole le premier, commençant généralement son allocution après ces mots 'Je viens de téléphoner à mon adversaire pour le féliciter, je souhaite qu’il réussisse dans sa tâche de président des Etats-Unis'. Quelque sinuâtes plus tard, le vainqueur remerciait ses électeurs et avait généralement un mot aimable pour son concurrent. Même en l’an 2000, quand Al Gore a contexte le résultat durant des semaines, ce scénario s’est reproduit. Une fois que la justice a tranché, le candidat démocrate a reconnu publiquement sa défaite.
Maison Blanche ou Fort Alamo ?
Mais là rien de tel, Donald Trump fait partie de ces gens qui ne reconnaissent jamais une défaite, c’est l’archétype du mauvais perdant. Fort des 68 millions d’électeurs qui ont voté pour lui (un score plus élevé qu’en 2016), il va s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, les recours légaux, mais aussi les actions dans la rue.
Pour l’instant, ses partisans se contentent de manifester devant les bureaux de vote en criant "Stoppez le décompte", mais demain tout est possible. Imaginez que Trump leur demande de camper devant la Maison Blanche pour le protéger, ils seront des centaines, voire des milliers à le faire. C’est là que la démocratie américaine devra montrer sa solidité.
Un peu comme hier soir quand les grandes chaînes lui ont coupé la parole, il faudra peut-être couper le courant pour qu’il rende les clefs.
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