La Première ministre polonaise Beata Szydlo a déclaré vendredi que son gouvernement "ne cèderait jamais à un ultimatum", s'en prenant à la Commission européenne quelques jours avant la publication par cette dernière d'un "avis" en forme d'avertissement à Varsovie.
Dans une intervention empreinte d'émotion, la chef du gouvernement a appelé le Parlement à "répondre solidairement aux attaques dont la Pologne est la cible".
Beata Szydlo réagissait indirectement à la publication dans un journal polonais, le quotidien Rzeczpospolita, de fuites portant sur l'avis que doit publier lundi la Commission sur l'Etat de droit en Pologne et qui serait très sévère pour le gouvernement conservateur de Droit et Justice (PiS).
Les inquiétudes de la Commission concernent principalement la réforme du Tribunal constitutionnel initiée par le gouvernement de Mme Szydlo, à l'origine d'une crise profonde en Pologne et d'un bras de fer avec Bruxelles.
Selon le chef de la diplomatie polonaise Witold Waszczykowski, interrogé à Bruxelles par les médias polonais, la Première ministre a réagi aussi à un revirement brusque dans la position du vice-président de la Commission Frans Timmermans.
Mme Szydlo s'est entretenue avec M. Timmermans par téléphone mardi soir et lui a proposé "d'importantes concessions", obtenant l'engagement de son interlocuteur à "donner du temps à la Pologne" pour lui permettre de les introduire, a expliqué M. Waszczykowski.
Puis la Commission a lancé jeudi à Varsovie un ultimatum, demandant que des progrès significatifs soient accomplis avant lundi 23 mai, autrement dit, selon le ministre polonais, M. Timmermans serait revenu sur sa parole.
Selon le quotidien Rzeczpospolita, Mme Szydlo aurait effectivement proposé des concessions modifiant profondément la position polonaise: acceptation graduelle des juges élus par le Parlement précédent, déblocage du Tribunal en acceptant de publier ses décisions, y compris celles déjà prises, abandon de la règle des deux tiers de voix pour l'adoption de ses décisions….
"Je peux dire qu'il y a, à la Commission européenne, de plus en plus de ceux qui veulent détruire l'Union européenne et non la voir se développer", a encore dit Mme Szydlo vendredi matin.
Son parti a déposé un projet de résolution appelant à "répondre à une attaque contre la souveraineté de la Pologne".
Le texte dénonce aussi "des tentatives d'imposer à la Pologne des décisions concernant les migrants arrivés en Europe", décisions qui "n'ont aucun fondement dans le droit européen et violent la souveraineté de notre Etat et les valeurs européennes".
"Les prétendus leaders de l'opposition parcourent les capitales européennes et font de la délation vis à vis du gouvernement polonais démocratiquement élu", a dit le député PiS Maciej Malecki, qui a présenté le projet.
La réponse de l'opposition ne s'est pas faite attendre. "La Pologne a honte pour vous, vous avez profané la Constitution", a lancé à Mme Szydlo le chef du principal parti d'opposition, la Plateforme civique (PO, centriste), Grzegorz Schetyna.
"De nouveaux ponts sont brûlés" avec l'Europe, a observé de son côté Rafal Trzaskowski, ancien vice-ministre PO des Affaires étrangères chargé des Affaires européennes, tandis que le chef du parti paysan PSL, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz a mis en garde contre "une guerre civile" que risquent de provoquer les conservateurs.
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