La Chine a mis la Belgique en garde mercredi contre une dégradation des relations bilatérales, après le vote d'une commission du Parlement belge dénonçant "un risque sérieux de génocide" au Xinjiang (nord-ouest chinois).
"Nous appelons la Belgique à rectifier immédiatement son erreur", a déclaré devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise. La commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé mardi une proposition de résolution qui reconnaît "un risque sérieux de génocide" de la minorité ouïghoure en Chine et condamne les "crimes de persécution et les violations massives des droits humains dans la région autonome du Xinjiang qui peuvent être constitutives de crimes contre l'humanité".
Les députés belges se sont inquiétés mardi du sort de la minorité musulmane ouïghoure au Xinjiang, dont un million de membres a été placé en centres de rééducation politique, selon des organisations de défense des droits de l'Homme. Pékin dément ce chiffre et parle de centres de formation professionnelle destinés à éloigner les Ouïghours de la radicalisation, après des attentats attribués à des islamistes.
A Bruxelles, le vote intervenu en commission des Relations extérieures doit être confirmé en séance plénière à la Chambre des représentants le 1er juillet, a précisé à l'AFP le député écologiste Samuel Cogolati, à l'origine de la résolution. Le porte-parole chinois s'en est pris directement à M. Cogolati, qui fait déjà l'objet de sanctions de la part de Pékin. "Ce député a délibérément répandu des mensonges et des fausses informations, causant un tort grave aux intérêts et à la souveraineté de la Chine", a accusé M. Zhao.
"Notre message n'est pas contre la Chine"
Samuel Cogolati (Ecolo-Groen) s'est défendu ce mercredi de viser la Chine dans le combat qu'il mène en faveur de la minorité ouïghoure. Il n'entend toutefois pas faiblir face aux injonctions de Pékin après le vote d'une résolution en commission des Relations extérieures de la Chambre. "Notre message n'est pas contre la Chine, mais pour le respect des droits humains", a souligné le député. "Peu importe la religion ou la couleur de peau, nous avons toutes et tous un droit fondamental à la dignité. C'est pourquoi l'incarcération de plus d'un million de Ouïghours innocents dans des camps, uniquement en raison de leur ethnicité, est une honte".
Le parlement fédéral, "face aux pressions", a mené son travail en écoutant des experts et des témoins de la situation vécue par cette minorité musulmane en butte à la politique répressive du régime chinois dans la province du Xinjiang, a-t-il rappelé. "Dénoncer les abus graves et nous lever contre les discriminations, ce n'est rien de plus que notre mission comme parlementaires. D'autres assemblées démocratiques ont aussi dénoncé un génocide avant nous. Voilà pourquoi nous ne faiblirons pas en Belgique face aux sanctions ou intimidations, peu importe le pays, puissant ou non. C'est cet attachement aux droits fondamentaux qui grandit notre petit pays", a-t-il conclu.
La ministre des Affaires étrangères réagit
La ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès a défendu mercredi l'indépendance et les libertés de réflexion et d'expression du Parlement belge, face à la mise en garde par Pékin d'une possible dégradation des relations bilatérales entre les deux pays. "Dans tous nos contacts avec les autorités chinoises, moi-même, mon cabinet, le SPF Affaires étrangères, nous soulignons toujours l'importance des droits humains et nos inquiétudes sur la situation au Xinjiang, mais aussi à Hong Kong", a commenté la cheffe de la diplomatie belge, actuellement en visite officielle en Grèce. "Je l'ai encore fait le 8 mai dernier lors d'un contact avec mon homologue chinois ; je lui ai rappelé aussi que le Parlement a son indépendance, sa liberté de réflexion et d'expression, et que, si nous entretenons des rapports avec le Parlement qui contrôle le gouvernement, il ne revient pas à ce dernier de le contrôler."
Après ceux du Canada, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Lituanie et de la République tchèque, le Parlement belge est devenu "la 6e assemblée démocratique au monde" à dénoncer les "crimes contre l'humanité" en cours contre les Ouïghours, selon les initiateurs du texte.
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