Lorsque tous les membres du Val du Héron ont été testés vendredi dernier, ils ont été ravis de constater qu'il n'y avait aucun cas de coronavirus entre leurs murs. Le directeur, l'assistant social et la fille d'une résidente nous ont confié leur sentiment, partagé entre le soulagement et le prudence à maintenir.
Content mais prudent, voilà l'état d'esprit de Thierry Ghobert, directeur du Val du Héron, la maison de repos du CPAS de Rixensart. Tous les résidents et membres du personnel ont été testés le 24 avril et aucun cas de Covid-19 n'a été constaté à cette date.
Cette nouvelle positive nous a été rapportée via le bouton Alertez-nous : "Tout est négatif ! Merci à la direction et à tous les membres du personnel pour cette gestion rigoureuse."
Et le directeur nous le confirme : "Tout le monde a été testé et on a zéro cas". Au total, 80 résidents et 102 membres du personnel ont été soumis au test, "même les intérimaires, des personnes en contrat de réinsertion, et les étudiants en soins".
C'est le test PCR (réaction en chaîne par polymérase) qui a été pratiqué. Ce test "virologique" consiste en un prélèvement naso-pharyngé et permet de savoir si la personne testée est atteinte du coronavirus.
Des mesures avant le début du confinement
Nous avons cherché à comprendre pourquoi cette maison de repos est "épargnée" par le virus qui touche souvent gravement les personnes âgées. Thierry Ghobert n'a pas de réponse sure à 100% mais avance quelques pistes.
D'abord, des mesures ont été mises en place avant même que le gouvernement ne l'interdise, le 10 mars 2020. "Nous avons diminué le nombre de visites des familles avant le confinement, nous avons réduit aussi les visites d'intervenants extérieurs comme les pédicures, coiffeuses, etc. On a anticipé ce qui a été demandé par l'AViQ (l'Agence wallonne pour une vie de qualité)", explique le directeur.
Ensuite, le confinement strict a été imposé et le Val du Héron a respecté les consignes de manière rigoureuse : "Plus personne n'a été autorisé à rentrer sauf le personnel. Même les visites mensuelles des médecins ont dû être suspendues".
Au niveau du personnel, des mesures d'hygiène ont été imposées : "Avant de rentrer, ils doivent passer dans un pédiluve et doivent nettoyer leurs mains au gel hydroalcoolique. Le changement d'uniforme doit être quotidien, ainsi que la prise de température", explique le directeur.
©Facebook Val du Héron
Des masques cousus par les résidents
Aujourd'hui, des masques chirurgicaux sont utilisés par le personnel en contact avec les résidents, tandis que le personnel administratif porte des masques en tissu. "Dans un premier temps, ce sont les résidents qui ont cousu des masques en tissu pour le personnel", raconte le directeur.
En cas de suspicion de coronavirus dans l'établissement ou de symptômes, un test est immédiatement effectué et la personne mise à l'écart. Même chose si un membre du personnel pense avoir été en contact avec un malade. "On a la chance d'avoir suffisamment de personnel puisqu'on bénéficie du personnel des crèches fermées, etc., et dès qu'une personne présente des symptômes, on lui demande de rester à la maison", explique Thierry Ghobert
L'équipement "complet" (comprenant le masque, le couvre-masque, la surblouse, la charlotte, etc.) est utilisé par le personnel soignant pour les résidents isolés pendant 14 jours : cela concerne tout nouveau résident ou toute personne arrivant du milieu hospitalier.
À noter encore que la maison de repos se situe à Rixensart, dans le Brabant wallon, qui est l'une des provinces dans laquelle il y a le moins de cas.
Quel est l'état d'esprit des résidents ?
Malgré toutes les mesures et le climat anxiogène qui peut en découler, les résidents du Val du Héron gardent le moral. Il faut dire que tout est fait pour qu'ils vivent cette période le moins douloureusement possible.
"Les résidents vivent la situation correctement car on a gardé des activités et animations avec distanciation sociale, par petits groupes de 7 à 8", explique le directeur.
C'est parfis plus difficile avec les résidents atteints de maladies comme Alzheimer, mais le personnel fait en sort que le contact soit maintenu avec des appels vidéo aux familles.
Wauthier Marneffe, assistant social à la maison de repos, est en contact direct avec les résidents. Il constate lui aussi que l'état d'esprit reste plutôt positif.
"La majorité comprennent mais ils sont tristes de ne pas voir leur famille. Ils savent que c'est indispensable de fonctionner comme ça. Certains ont plus de difficultés mais on peut compter sur notre équipe d'animation qui se démène pour organiser des appels vidéo avec les proches. Et ça rassure tant les résidents que les familles", explique l'employé. Une page Facebook a également été créée afin que les familles puissent voir des photos du quotidien de leurs aînés en confinement. Quizz, lecture du journal, exercices de gymnastique, dessin, apéritifs… Les activités ne manquent pas !
Le fait que tous les tests soient négatifs a beaucoup joué sur le moral des troupes : "Ils craignent de tomber malade mais le test négatif les a rassurés. On reste très vigilants et au moindre doute, on prend les mesures", insiste Wauthier Marneffe.
Et puis, il y a ces petits gestes qui leur font du bien : "ils reçoivent des lettres, des petits mots, des cadeaux. Dans le climat actuel, ça passe plutôt bien".
©Facebook Val du Héron
"Je l'ai très peu vue depuis qu'elle y est"
Nous avons également sondé l'état d'esprit de la fille d'une résidente, qui est également la directrice du CPAS de Rixensart dont dépend la maison de repos, Laurence Vanderlinden. Sa maman, Arlette, 85 ans, est entrée au Val du Héron fin février, soit peu de temps avant le début du confinement.
"Je l'ai très peu vue depuis qu'elle y est", déplore-t-elle. Même en tant que directrice du CPAS, elle n'a plus le droit d'y aller. Mais elle appelle régulièrement sa maman et Arlette va bien.
"Elle comprend ce qui se passe. Elle est parfois un peu désorientée mais comprend qu'il y a un virus et elle sait qu'on n'a pas le choix", explique sa fille. Pour cette résidente, le confinement ne change finalement pas grand-chose de son quotidien avant la crise : "Elle sortait peu, elle vivait seule dans un appartement et avait peu de visites. Donc là, elle est bien, et plus contente d'être dans cette maison de repos, bien entourée, elle a des animations, est entourée", note sa fille.
La reprise des visites
Pour la famille des résidents en maisons de repos, même s'ils savent qu'on prend soin de leurs aînés, l'inquiétude est là. Elle est même double dans le cas de Laurence. "Inquiète en tant que directrice du CPAS car une fois que le virus est entré dans un home, ça fait beaucoup de dégâts… Et puis comme fille de résidente : on espère qu'on les verra encore".
Mais Laurence Vanderlinden n'était pas forcément favorable à un assouplissement des mesures et de la reprise des visites en maisons de repos. "J'ai tout de suite dit au directeur que je n'étais pas pour lors de l'annonce du gouvernement, car les risques de contamination sont trop importants, même avec les tests tous négatifs. 85 résidents, c'est 85 personnes qui entrent dans la maison de repos sans être testés", explique-t-elle.
Mais la direction de l'établissement a mis en place des règles très strictes pour les visites qui se feront à l'extérieur, sur une terrasse couverte, avec une table ente chaque résident et membre de sa famille, table qui sera désinfectée entre chaque passage.
"À l'air libre, cela diminue le risque de prolifération du virus, rappelle Thierry Ghobert. Le membre de la famille qui viendra voir un résident sera soumis aux mêmes mesures hygiène que le personnel (pédiluve, gel hydro, etc.). On devra faire attention à ce qu'il n'y ait pas de contact physique, ils devront s'enregistrer et compléter une attestation de bonne santé".
On a envie de les protéger malgré le fait qu'on a envie de les voir
La Val du Héron a réussi à garder le coronavirus hors de ses murs, pas question que cela change avec la reprise des visites. Et ces mesures rassurent également les familles, comme Laurence, qui reconnait que "c'est une bonne chose pour les résidents d'avoir de nouveaux des contacts. On a envie de les protéger malgré le fait qu'on a envie de les voir", conclut-elle.
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