Nos reporters Arnaud Gabriel et Pascal Noriega ont pu avoir accès à la prison bruxelloise de Saint-Gilles. Cet établissement pénitentiaire fait partie des trois prisons qui, depuis décembre dernier, mettent en application un projet pilote visant à enrayer la consommation de drogue en milieu carcéral. Un premier bilan de cette opération a été tiré cet après-midi.
"Je me sens très bien. Depuis que je m'en suis sorti, je vais beaucoup mieux", témoigne anonymement un détenu au micro de nos reporters. Ce prisonnier consommait de la drogue avant son entrée dans la prison. Aujourd’hui, il fait partie de ce projet pilote. Il est aidé, suivi et orienté. "On est tout seul, on n'a rien du tout, donc on va se tourner vers la drogue, explique-t-il. Ça va être notre moyen de tenir le coup. Sans des projets comme ceux-ci, il est clair qu'on rechuterait très vite".
"80% des détenus en contact avec au moins une drogue"
À la prison de Saint-Gilles, se trouvent 893 détenus. Depuis 9 mois, du personnel de santé supplémentaire est recruté. Le personnel déjà présent est formé. Les détenus font l’objet de dépistage systématique. L’objectif: diminuer la consommation de drogues, bien trop élevée dans les prisons belges.
"Plus de 80% des détenus qui entrent ici ont, un jour ou un autre durant leur séjour ici, été en contact avec au moins une drogue", explique Célestin Hugues Fokua Mouafo, docteur et président du conseil pénitentiaire de la santé.
"C'est un sujet tabou"
Le projet pilote est géré par des ASBL. Elles sont indépendantes, garantissent le secret professionnel et encadrent les détenus. Depuis décembre 2017, ils sont 250 à être pris en charge. "C'est difficile d'en parler, c'est un sujet tabou, rappelle Vincianne Saliez, directrice de l'ASBL "I.CARE". Parce que qui dit usage de drogues en prison, dit aussi que cela peut avoir des conséquences dans son quotidien, dans le contrôle, etc. Donc ce n'est pas facile de déposer le fait qu'on est pris par une consommation de drogue, même occasionnelle".
La consommation de drogue peut perturber l’organisation de la prison et constitue un risque de débordement. Le projet pilote se déroule jusqu’en avril 2020 et représente un budget d’1,4 million d’euros.
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