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Gaston a finalement été abattu ce matin: "C'est un choc", déplore la riveraine qui s'était enchaînée à l'arbre

Gaston a finalement été abattu ce matin: "C'est un choc", déplore la riveraine qui s'était enchaînée à l'arbre
 
 

Depuis plusieurs semaines, des riverains se mobilisaient à Jette pour s'opposer à l'abattage d'un arbre surnommé Gaston. Ce vendredi, il a finalement disparu pour faire place à un immeuble à appartements. Inès menait avec passion ce combat pour sauver ce saule blanc. Elle s'était symboliquement enchaînée ce matin au tronc avant d'être arrêtée administrativement.

Ce vendredi matin vers 10h, une riveraine s'est enchaînée à un saule blanc sur le point d'être abattu à Jette avant d'être arrêtée administrativement, a indiqué vendredi Johan Berckmans, porte-parole de la police de Bruxelles-Ouest. Elle a été relâchée en milieu de journée après la rédaction d'un procès-verbal.

Une vingtaine de riverains étaient présents ce vendredi matin et une cinquantaine jeudi après-midi, selon la police. La riveraine en question s'était symboliquement enchaînée à l'arbre sur un terrain privé situé à l'angle de la rue Gaston Biernaux et de la rue Eugène Toussaint. Elle s'était volontairement libérée de ses liens à l'arrivée de la police. Cette poète nous avait raconté son combat mené depuis plusieurs semaines pour le sauver. 

"C'est honteux, j'en ai marre de voir des arbres coupés. On ne peut plus les toucher", lançait avec fracas celle que nous appelons, à sa demande, Inès.

Les travaux d'abattage ont commencé en matinée et l'arbre, d'une circonférence de 471 cm et dont la cime pointait à plus 25 mètres de haut, a été abattu. Il avait été surnommé "Gaston" par les habitants du quartier. Il était considéré comme le troisième plus gros arbre de son espèce en Région bruxelloise.

"C'est un choc car c'était un bel arbre", a estimé Inès. "Ils l'ont trop coupé et maintenant il est trop tard: il va mourir."

Elle pointe la responsabilité de la commune, qui a délivré les autorisations nécessaires au promoteur, propriétaire de ce terrain privé. Un immeuble de logements et commerces doit y être construit.

"Depuis fin mai, nous avons interpellé plusieurs fois le collège communal à ce sujet. Mais toutes les réponses données par l'échevine de l'urbanisme ne sont pas correctes, il y a des mensonges", assurait Inès révoltée qui a même créé un site internet dédié à Gaston. "La commune assure que l'arbre n'a pas plus de 40 ans, elle parle de trois troncs qui ont probablement fusionné. Mais ce n'est pas vrai. J'ai demandé à un expert d'évaluer l'âge de Gaston. Il l'estime entre 110 et 120 ans. C'est vraiment un arbre majestueux", ajoutait-elle.


"Il n'y a donc aucun vice de procédure"

"Cette histoire prend des proportions inconsidérées", avait réagi le bourgmestre de Jette qui soulignait que le saule se situait sur un espace qui n'est pas public. "On parle de l'abattage d'un arbre qui se trouve sur un terrain privé constructible pour lequel nous avons délivré un permis d'urbanisme il y a plusieurs mois déjà", indiquait Hervé Doyen.

"Cette habitante en a fait le combat de sa vie. Elle parle, embrasse, entoure Gaston. Je comprends son ressenti, moi aussi je veux préserver la nature. Mais, dans ce cas-ci, toute la procédure a été respectée et réalisée dans les règles en vigueur. Il n'y a donc aucun vice de procédure comme elle l'affirme. L'entrepreneur immobilier a d'ailleurs pris la peine de répondre à chacune de ses allégations pour les démentir", ajoutait le mayeur.

D'après lui, l'âge de Gaston évoqué par Inès n'était pas réaliste. "Cet arbre n'est pas centenaire. On a consulté des photos aériennes de la commune datant de 1971 et il n'y apparaît pas", assurait Hervé Doyen. Ce que contestait donc la riveraine. 


"Nous vivons dans une partie oubliée où règne le béton"

Cette issue est vraiment inacceptable pour Inès. "J'aime ma commune qui possède de magnifiques zones vertes. Mais nous vivons dans une partie oubliée, abandonnée où règne de plus en plus le béton alors que nous sommes dans une zone inondable. Je regrette l'hypocrisie des pouvoirs publics qui prônent le développement durable mais qui ne sont pas cohérents", estime Inès. "Perdre Gaston, c'est perdre notre patrimoine."

En tout cas, l'histoire de ce saule blanc condamné va peut-être permettre d'éveiller davantage les consciences au niveau politique. Un tel arbre attire une faune riche et constitue une pompe à eau naturelle importante. Sa disparition créera donc inévitablement un préjudice au niveau de la biodiversité, mais aussi au niveau des risques d'inondation.


Un plan "arbres" en gestation

Conscient des bienfaits naturels des espaces verts en zone urbaine, le groupe communal Ecolo-Groen vient d'ailleurs d'élaborer un plan "arbres". Le premier objectif est d'augmenter le nombre d'arbres sur les voiries communales pour éviter des zones bétonnées et répondre aux enjeux environnementaux. "Ce projet ambitieux vise ensuite à encourager les citoyens à arborer leur jardin ainsi que de créer un cadastre fiable et évolutif", précise l'échevin écologiste Bernard Van Nuffel qui soumettra ce plan "arbres" dans les prochains jours au collège communal.

Et à l'échelon régional, les Verts avaient déjà déposé en septembre dernier au parlement bruxellois une proposition de résolution pour soutenir la verdurisation des communes de la capitale.


 

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