A l'occasion de la journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, le gouvernement présente aujourd’hui un plan comprenant 133 mesures pour lutter contre les discriminations liées à l'identité de genre et à l'orientation sexuelle. Ce type de violence reste encore très présent. Victoria, femme transgenre, nous explique son combat au quotidien.
En marge de la journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, Bruxelles prévention et sécurité a publié les résultats d'une étude sur les violences contre les personnes issues des communautés LGBTQIA+. Les violences et discriminations sont bien présentes dans la Région de la capitale, mais elles sont peu rapportées à la police. Alors, pour lutter contre ce type de comportement problématique, le gouvernement présente ce mardi un vaste plan comprenant 133 mesures : des actions concrètes dans les domaines de la justice, de la santé ou encore du travail. Car il reste du chemin à parcourir…
Selon l'association RainbowHouse Brussels, les discriminations et violences liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre sont omniprésentes. Elles sont dans l'espace public, les transports, ou dans la sphère familiale. La pandémie a d’ailleurs accru les tensions et difficultés dans les familles.
Par exemple, je vais arriver quelque part et on va m’appeler Monsieur
La violence est aussi sur internet, où le harcèlement est très présent – allant jusqu’à des menaces de mort. Aucun lieu n’est épargné puisque les signalements récoltés concernent aussi l’HORECA, l’accès au logement ou à des biens et services (taxi, magasins, médecin…). Victoria, femme transgenre, nous explique son combat au quotidien. "Parmi les discriminations et les violences auxquelles je fais face tous les jours, je me fais mégenrer, ça c’est assez violent, dit-elle. Par exemple, je vais arriver quelque part et on va m’appeler Monsieur."
Parfois, raconte-t-elle, les propos déplacés vont mêle un peu plus loin : "Au-delà de juste me mégenrer, certaines personnes vont me poser des questions et me demander si je suis un homme ou une femme. Peu importe la réponse, on va être face à de la violence parce que si moi, personnellement, en tant que femme trans, j’affirme que je suis une femme et que la personne en face ne me croit pas, parfois elle va me demander ce que j’ai entre les jambes ou elle va me demander de prouver notre identité. Les gens veulent des preuves de notre identité alors qu’on n’a rien à prouver à personne."
La jeune femme est étudiante à l’ULB et elle tient un compte sur le réseau social Instagram afin de sensibilité à la transidentité. "En tant que personne trans, on n’est pas une personne différente d’une autre, on a juste une identité de genre qui a mis plus de temps à émerger", confie Victoria.
Des faits trop peu rapportés à la police
En 2020, la police de la Région bruxelloise n'a enregistré que 34 PV relatifs à des faits liés à une discrimination homophobes. Seules 13 affaires ont été encodées comme "homophobes" au parquet correctionnel de Bruxelles. Le parquet a rendu une décision sur 12 affaires, dont 10 classées sans suite. Selon l’Agence de l’Union européenne pour les droits fondamentaux, en Belgique en 2019, 67% des personnes lesbiennes, gays, ou transgenres, par exemple, évitent souvent ou tout le temps de se tenir la main en public.
Même son de cloche du côté de la RainbowHouse, où seuls 4 des 42 signalements reçus par l’association avaient fait l’objet d’une plainte à la police. Les victimes parlent essentiellement de manque de confiance envers cette institution. Les victimes pensent que le dépôt de plainte ne sert à rien. Elles ont aussi peur de signaler les faits par honte ou par crainte que leur famille ou leur entourage n’apprenne leur orientation sexuelle.
Le "quartier gay" de Bruxelles est d’ailleurs au cœur d'un paradoxe. Si les personnes LGBTQIA+ tendent à se sentir plus en sécurité dans ce quartier, leur visibilité accrue à cet endroit y entraîne paradoxalement davantage de faits de violence qu’ailleurs.
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