L'heure est au bilan pour le piétonnier de Bruxelles. Du côté des habitants, les avis sont partagés. Les commerçants, eux, semblent unanimes: la situation est catastrophique. Dès le premier mars, plusieurs changements seront opérés. Mais pour Yvan Mayeur, il n'est pas question de renoncer au piétonnier.
Huit mois après l'instauration du grand piétonnier dans le centre de Bruxelles, c'est la fin de la phase test et l'heure de tirer un bilan. Pour la Ville, celui-ci est plutôt positif. Commerçants et riverains sont moins enthousiastes. Pour certains, la situation est catastrophique.
Les piétons sont partagé, certains regrettent le manque d'aménagements urbains d'autres sont ravis de pouvoir s'approprier cet espace. Les habitants, eux, sont excédés : les différentes modifications de circulation n'ont fait que reporter le problème d'un endroit à un autre et à chaque fois accentuent la pollution dans les rues concernées.
-30% de chiffre d'affaire: "C'est une catastrophe"
Du côté des commerçants, les avis semblent unanimes contre le piétonnier. Concernant l’horeca, en 8 mois de piétonnier, le chiffre d'affaire a baissé de 50%. Mais le secteur attribue aussi cette baisse au lockdown de Bruxelles et craint que la situation ne s'empire avec la saga des tunnels. Yvan Roque, le président de la fédération horeca Bruxelles est loin de se réjouir lui aussi. "On peut dire qu’il y a un manque de clientèle à Bruxelles. Evidemment, il y a le piétonnier mais il n’y a pas que ca, il y a eu le niveau 4 de la menace. Bruxelles, comme les autres villes européennes, a souffert de tout ca. J’espère que cela sera bientôt du passé."
Dans les autres commerces on note une baisse de 30% de chiffres d'affaire en 8 mois. Selon l'association des commerçants du centre-ville, cette baisse est exclusivement due au piétonnier. Selon Alain Berlinblau, président des commerçants bruxellois, c’est une catastrophe. "Des commerces sont à remettre, d’autres renoncent à leur bail, c’est une catastrophe énorme pour l’activité commerciale dans son ensemble".
Des changements dès le 1er mars
C'est ce 1er mars que de nouveaux changements relatifs au plan de mobilité entrent en vigueur. Les ajustements concernent principalement la place De Brouckère, le quartier Saint-Géry et le boulevard Lemonnier. Ces modifications ont pour but de faciliter l'accès à plusieurs quartiers du Pentagone.
Retour en arrière quartier Saint-Géry et boulevard Lemonnier
Concernant le quartier Saint-Géry, la Ville a décidé de faire marche arrière et de revenir à la situation en vigueur avant l'ouverture du piétonnier. Le sens de la circulation dans la rue Pletinckx, dans la rue de la Grande Ile et sur la Place Saint-Géry a été (ré-)inversé.
Retour en arrière boulevard Lemonnier aussi, entre la petite ceinture et l'arrêt Anneessens. Il sera donc à nouveau accessible aux voitures sur toute sa longueur et dans les deux sens.
Aux alentours du 7 mars, place De Brouckère, les voitures qui viennent de la rue Fossé aux Loups pourront tourner à droite et rejoindre le boulevard Adolphe Max en passant devant l'Hôtel Métropole, hôtel qui avait intenté une action en justice.
Changement de sens de circulation
Autres changements : les véhicules venant du boulevard Emile Jacqmain ne seront plus autorisés sur la place De Brouckère et les sens des rues des Hirondelles et du Cirque seront adaptés. Rue du Midi, le sens de la circulation deviendra unique en direction de la Bourse et fin mars, les voitures pourront de nouveau circuler dans les deux sens et sur l'entièreté de la rue Duquesnoy.
Les travaux d'aménagement urbains commenceront à Paques mais le résultat ne sera pas visible avant des mois.
Seule bonne nouvelle: amélioration de la qualité de l'air
Depuis la mise en place du piétonnier, on note une augmentation de vélos et de personnes en rue. Le flux des piétons sur les boulevards a augmenté de 2,5. On notait entre 10.000 et 14.000 piétons par jour en 2014 et entre 27 000 et 38 000 en septembre 2015. Le nombre de vélo a doublé à l'heure de pointe matin et passe de 200 en 2013 à 414 en 2015.
Mais ce n’est pas tout, la qualité de l’air s’est améliorée. Depuis la mise en place du piétonnier, la concentration de 'black carbon' (une composante des particules fines rejetées par les moteurs diesels et cancérigènes) a diminué de 63,69%.
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