Des agents immobiliers bruxellois ont assisté à une formation contre la discrimination. Son objectif: apprendre à discuter avec les propriétaires qui refusent certains types de locataires. Les agents ont notamment assisté à un jeu de rôle.
La mise en situation commence directement, avec un premier rendez-vous entre un agent immobilier et un propriétaire compliqué. "Moi je fais confiance aux Belges. Les Africains, il ne m’en faut plus", déclare celui qui a endossé le costume du propriétaire, dans le jeu de rôle.
Les agents immobiliers présents dans la salle sont invités à guider les acteurs autour de la table. "Il faut rassurer le propriétaire, en disant qu’il y a l’état des lieux", propose une personne du public.
Puis vient un deuxième essai... "Qu’est-ce qui est important pour vous dans tout ça, par rapport à votre locataire? Le paiement de son loyer?", demande celui qui joue l’agent immobilier. "Oui, quand même", répond le faux propriétaire. Une question qui était posée à bon escient.
"Ils ont très bien intégré ce que nous nous avons proposé", souligne Grazia Calabrese, agent immobilier. "Et puis je trouve que c’est très bien joué. Ils déploient ça avec une souplesse qui donne à voir que c’est possible".
276 dossiers de discrimination relative au logement en 2018
Demandez à n’importe quel professionnel… Tous ont déjà connu ce genre de difficultés. C’est aussi le cas de Nicolas Watillon, premier vice-président de l’IPI, l’Institut Professionnel des agents Immobiliers. "J’ai eu une dame âgée qui m’a dit clairement pas d’étrangers, pas d’Africains… Et finalement j’ai loué son logement à un Marocain. Et ça s’est très bien passé", raconte-t-il.
En 2018, le centre pour l’égalité des chances a ouvert 276 dossiers de discrimination relative au logement. Le premier critère de pression des propriétaires est la fortune du locataire, puis viennent ses origines, et son possible handicap.
"Quand le client nous demande quelque chose qui est entre guillemets hors la loi, on ne peut pas le faire", assure Nadine Van Kenhoven, agent immobilier. "Il faut arrondir les angles, et il faut essayer d’expliquer à ce client qu’on va essayer de le satisfaire, dans la mesure du possible. Mais suivant les règles de lois".
D’où cette idée de guider les agents immobiliers vers toujours plus de conciliation. "Vous pouvez effectivement vérifier que la personne va pouvoir payer. C’est ça qui est important, c’est là-dessus qu’il faut travailler", détaille Florence Pondeville, cheffe de service adjointe chez Unia, le centre pour l’égalité des chances. "Il ne faut pas se dire CPAS ou chômage, donc forcément mauvais payeur. Il faut casser ce préjugé".
Dès septembre 2019, une ordonnance entre en vigueur à Bruxelles. Pour la première fois, la discrimination au logement sera passible d’amende de 125 à 6.200 euros.
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