Le collectif de travailleuses/travailleurs du sexe Utsopi (Union des Travailleu(r)ses du Sexe organisé(e)s pour l'Indépendance) s'est réuni mardi, dans une carrée de la rue de Linné à Saint-Josse-ten-Noode, pour dénoncer l'orientation de la politique du bourgmestre Emir Kir.
Ce collectif nouvellement constitué dans le milieu de la prostitution en Belgique, compte déjà une trentaine de membres. Sonia Verstappen, membre de l'Utsopi, a expliqué que sa création est liée à leur volonté de s'exprimer directement."On voudrait que les politiques arrêtent de jouer à la roulette russe avec nous et qu'ils nous concertent", défend Maxime, travailleur à domicile via des annonces internet.
Il est sceptique quant au projet évoqué de regroupement de la prostitution à Saint-Josse-ten-Noode. "A Liège, l'Eros center n'a jamais été réalisé, mais les vitrines ont été fermées et les travailleuses du sexe se sont retrouvées dans des conditions plus précaires. On vient d'apprendre qu'Emir Kir veut faire payer 2.500 euros le certificat de conformité. A cela s'ajoutent les taxes de 3.000 euros pour le propriétaire et on sait très bien que ça va retomber sur les filles. On a fait un calcul sur base des tarifs moyens dans le quartier et ces taxes reviennent à 220 clients sur l'année."
"C’est hyper scandaleux"
Marie, travailleuse du sexe, confirme ces craintes. "Quand Emir Kir est arrivé, il a dit qu’il voulait protéger ces femmes, leur donner un statut, un bon endroit pour travailler. Seulement, il n’a pas fait de suivi. Donc, le quartier est parti à vau-l'eau. Chacun a fait ce qu’il voulait. Et évidemment, quand on laisse la loi aux plus forts, vous savez comment cela fonctionne. Et maintenant, il dit vouloir lutter contre la traite des êtres humains. Et c’est un prétexte. Comme il l’avait dit à trois de mes collègues, il a fait un règlement pour que l’on parte de nous-mêmes. Sur un mois de temps, il nous a pondu deux taxes , une de 3.000 euros et une de 2.500 euros. Mais c’est hyper scandaleux. Si on doit respecter le règlement à la lettre, tout le monde ferme."
Maxime dénonce aussi la politique de fermeture des carrées. "Travailler dans la rue, dans la clandestinité, nous met en danger. La criminalisation du travail sexuel et la pénalisation des clients sont aussi des mesures qui nous poussent à accepter des pratiques qu'on n'accepte pas d'habitude. La traite des être humains est une réalité, mais il ne faut pas se tromper de cible. Donner des droits aux travailleuses du sexe donne des moyens à celles qui ne veulent pas faire ce métier de se défendre contre ceux qui les exploitent."
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