La ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden, a appelé jeudi chacun à prendre ses responsabilités dans la lutte contre le trafic de drogue à Bruxelles, qu'il s'agisse du niveau fédéral, des communes ou de la Région.
Un projet de loi à l'étude
La répétition de fusillades dans la capitale, en particulier à Molenbeek, a poussé plusieurs groupes politiques à interroger la ministre et a aussi révélé des tensions dans la majorité sur la réponse à apporter. "Nous avons besoin d'une approche ciblée et intégrée" a souligné Mme Verlinden devant la Chambre en mettant en avant les efforts déjà fournis par son département: recrutements en cours pour combler le manque de policiers dans la zone de Bruxelles-Ouest, investissements prévus dans la police judiciaire fédérale qui avait déjà tiré la sonnette d'alarme il y a quelques semaines et, en matière de coopération internationale, envoi d'un officier de liaison en Colombie, pays d'où provient une grande partie de la drogue importée en Belgique ou transitant par elle.
Un projet de loi sur la police administrative est également à l'examen au gouvernement et devrait permettre, par exemple, de fermer des établissements par lesquels de l'argent issu du trafic de drogue est blanchi.
Une meilleure coopération est nécessaire, selon la ministre
Mais pour la ministre, il incombe aussi à la Justice de faire preuve de sévérité face au trafic, aux communes à investir dans la prévention et à la Région, dont le ministre-président est en charge de la coordination de la sécurité, de mener une approche globale. "Nous n'abandonnons aucune commune dans cette lutte", a assuré la ministre, tout en observant que pas moins de 6.000 policiers étaient actifs dans la capitale.
A ses yeux, une meilleure coopération est nécessaire. Et si une fusion des six zones de police n'est pas inscrite dans l'accord de gouvernement, Mme Verlinden a rappelé que son parti -le CD&V- défendait une telle mesure. "Pour moi, il n'y a pas de tabou", a-t-elle dit. Dans la majorité, le ton est monté entre le PS et le CD&V. Le second a pointé du doigt les faiblesses bruxelloises, comme le taux de chômage des jeunes, mais aussi des propos de la bourgmestre de Molenbeek, Catherine Moureaux, à propos du Plan Canal mis en place sous la législature précédente. "C'est comme si le bourgmestre d'Anvers était responsable de ce que le port d'Anvers était la passoire du trafic de drogue", a répliqué Ahmed Laaouej (PS).
Chaque partis son point de vue
Le chef de groupe socialiste a appelé à la mobilisation des moyens contre les mafias de la drogue qui menaçaient l'Etat, comme le collège des procureurs généraux il y a peu. "Il nous faut du professionnalisme et ne pas se perdre dans les méandres d'une coordination administrative". "Il est indispensable que les autorités publiques se serrent les coudes", a souligné Philippe Pivin (MR) . Comme d'autres, le député a mis en garde contre une situation qui risquait de s'installer. "Je connais bien certains de ces quartiers. Il faut avoir le courage de reconnaître qu'ils sont gangrénés par une criminalité structurée et enracinée".
Ecolo estime qu'il faut se centrer sur prévention. Les Verts ont rappelé que la criminalité était en baisse à Molenbeek depuis 2016. "Ne tombons pas dans un discours ultrasécuritaire et répressif", a demandé Julie Chanson.
Dans l'opposition, Maxime Prévot (Les Engagés) a dit sa déception devant la réponse de la ministre car c'est à l'échelon fédéral que se trouvent les moyens de lutte contre les trafiquants de drogue. "Agissez avec votre collège de la Justice", a-t-il lancé. DéFI estime aussi que c'est au fédéral de prendre ses responsabilités. "Aucune police locale bruxelloise n'est apte à faire à face à un tel enjeu", a affirmé François De Smet.
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