La situation devient de plus en plus critique pour les sans-papiers qui se sont rassemblés dans l'église du Béguinage, à Bruxelles. Cela fait déjà un mois et demi qu'ils ont entamé une grève de la faim pour être régularisés. Aujourd'hui, un rapporteur spécial des Nations Unies leur a rendu visite. Ce qu'il a vu et entendu sur place l'a vraiment bouleversé.
La visite est intervenue au 46ème jour de la grève de la faim. "C'est évidemment bouleversant de voir ça. Je suis là pour écouter, pour m'informer, pour mieux comprendre", réagit Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies en charge des droits de l’homme et de l’extrême pauvreté.
Ce jeudi, il a découvert l’église du Béguinage et ses quelque 200 personnes hommes et femmes qui ont arrêté de s’alimenter le 23 mai dernier.
"Aujourd'hui, je peux parler aux gens. Ça nous permet de préparer un dossier qui, le cas échéant, pourra déboucher sur une communication officielle au gouvernement belge. Vous savez, pour un pays comme la Belgique, il est très difficile de reprocher à d'autres Etats de porter atteinte aux droits de l'homme, si lui-même ne répond pas aux attentes de la communauté internationale", indique Olivier De Schutter à notre micro.
On me donnait 3 euros, 5 euros pour une heure… c'est pas une vie
Au hasard des travées, le rapporteur des Nations Unies aurait pu rencontrer Ridouane, un sans papier en Belgique depuis 7 ans. "Si je reste sans papier, j'ai besoin de mourir. Parce que je suis parti du travail sans papier, on me donnait 3 euros, 5 euros pour une heure… c'est pas une vie", explique-t-il.
Un peu plus loin dans l'église, Ghalel est dans la même situation, mais depuis 14 ans. "Je suis très fatigué. Je ne sens pas mon corps. Au début j'étais à 105 kilos, maintenant je pèse dans les 86 kilos. On est prêt à aller jusqu'au bout, on n'a rien à perdre, parce qu'on a beaucoup perdu", nous confie le gréviste de la faim.
Olivier De Schutter est resté 1h30 dans l’église du Béguinage. A sa sortie, plusieurs grévistes de la faim sont couchés sur le sol, trop faible. Ils seront emmenés en ambulance dans différents hôpitaux bruxellois, comme une dizaine d’autres personnes aujourd’hui.
D'autres sans papiers en grève de la faim sont également hébergés dans des locaux de la VUB et de l'ULB.
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