Quarante-six personnes sans papiers, dont 17 enfants, risquent d'être expulsés d'un bâtiment appartenant à la FGTB, dans le quartier du Sablon à Bruxelles. "La FGTB a introduit une requête unilatérale et obtenu une ordonnance d'expulsion. Nous avons reçu la signification d'expulsion mardi, nous sommant de quitter les lieux dans les huit jours", a expliqué l'une des habitantes.
Un véritable drame sociale
"Notre demande était de pouvoir rester jusqu'à la fin juin. Quitter le bâtiment en pleine période hivernale, au milieu de l'année scolaire et à un moment où il est clair que la pandémie et sa batterie de mesures sanitaires contraignantes sont loin d'être terminées, c'est impossible ! À moins de provoquer un véritable drame social", a relaté cette habitante à l'agence Belga.
Le bâtiment de la FGTB doit se transformer en plusieurs appartements de luxe
Joint par Bel RTL, Thierry Bodson, président de la FGTB réagit: "Nous les avons prévenus en mars 2020 que nous étions en train de signer un compromis de vente, et qu'un moment donné la vente serait effective. En novembre, nous les avons prévenus que la vente serait effective en avril 2021. Le futur propriétaire demande que le bâtiment soit libre d'occupation." Selon les occupants, l'octroi du permis d'urbanisme a été suspendu et le propos ne collent pas: "La FGTB avance comme argument 'la nécessité absolue' car la vente du bâtiment est imminente. D'après ce que l'on sait, il y a effectivement un compromis de vente signé avec la société immobilière Citadel, qui a le projet de faire des appartements de luxe, mais la vente est conditionnée à l'obtention du permis d'urbanisme, lequel est suspendu depuis le 28 décembre dernier. Nous ne comprenons donc pas l'urgence", expose une habitante.
Vérifications faites, plusieurs lots du bâtiment sont déjà en vente par l'agence Citadel, futur acquéreur, au prix de départ de 650.000 euros l'entité.
L'occupation temporaire des bureaux vides de la FGTB au Sablon est autorisée depuis deux ans. Thierry Bodson enchaine: "Nous avons fait offre de service pour les aider avec des organisations sur le territoire bruxellois à retrouver un logement d'ici le mois d'avril. Le contact n'est pas possible et jusqu'à présent on n'a pas pu organiser cette rencontre pour pouvoir les aider à se reloger." Des propos qui provoquent l'indignation des occupants qui rappellent qu'aucune convention d'occupation temporaire n'a pu être signée depuis le début mettant en cause l'attitude de la FGTB.
Que valent dès lors vos publications, communiqués de presse et autres campagnes en faveurs du droit des plus démunis
Le président de la FGTB conclut: "Ils ont été reçus à plusieurs reprises depuis le mois de mars 2020. On les a encore reçus en fin 2020 pour les avertir que la vente serait effective en avril, en proposant nos services pour trouver une solution dans les 4 mois qui restait et depuis il n'y a plus de contact avec eux." Là aussi, les occupants remettent en cause les propositions de relogement et demande des preuves. Pour eux, à aucun moment la FGTB ne s'est montrée en accord avec les valeurs qu'elle véhicule au quotidien. "Nous déplorons amèrement le fossé vertigineux entre vos discours politiques et vos agissements", ont écrit les habitants au président de la FGTB, Thierry Bodson. "Que valent dès lors vos publications, communiqués de presse et autres campagnes en faveurs du droit des plus démunis, face aux intérêts manifestement supérieurs de l'économie de votre organisation ? ", y questionnent-ils.
La FGTB a annoncé vendredi après-midi que le futur propriétaire de son bâtiment avait accepté de retarder la signature de l'acte de vente, prévu initialement pour la mi-avril. Les habitants, qui étaient menacés d'expulsion dans les jours à venir, devraient donc bénéficier d'un délai plus long pour trouver une nouvelle solution de logement.
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