La police de la zone Bruxelles-Nord veut lutter plus efficacement contre le harcèlement de rue. En mars dernier, sur le modèle de ses collègues liégeois, elle s'est lancée dans une vaste campagne à l'égard de la population, avec des actions de terrain. Cet été, elle a commencé à distribuer des brochures de sensibilisation et d'information. Et depuis le mois de septembre, des formations d'une journée sont organisées pour les policiers. "Il faut pouvoir faire comprendre aux hommes qu'une femme qui est dans la rue ou fait ses courses dans un magasin, elle n’a pas demandé à ce qu’une espèce de chacal débarque à côté d'elle et commence à lui parler de sa robe, lui dire qu'elle est jolie, lui parler de ses formes, rappelle Jean-Luc Haentjens, adjoint au directeur judiciaire à la zone de police Bruxelles-Nord. Les femmes n'ont rien demandé de tout cela. Même si on pense que c'est un compliment, les femmes n'ont pas demandé à ce qu’on les approche de cette manière-là. Donc, c'est important qu’on puisse l’expliquer à tout le monde car certains ne sont pas conscient que ce qu'ils font est de l'ordre du harcèlement et que c'est puni par la loi".
Au cours de cette formation qui rassemble 20 à 25 policiers, les participants assistent à des scénettes jouées par des membres de la ligue d'impro, reçoivent des explications sur la loi sur le harcèlement par une juriste, sont briefés par le conseiller chef de corps à la cellule culture et diversité sur le rôle des policiers dans ce genre de cas et se penchent sur des situations concrètes dans des groupes de travail.
Les formations qui se déroulent en coordination avec l'asbl "Touche pas à ma pote" ont pas mal de succès et dans l'ensemble, la campagne semble porter ses fruits. Pas de chiffres, mais une tendance constatée: ces derniers mois, les habitants (habitantes en très grande majorité) se présenteraient plus facilement au commissariat pour témoigner ou porter plainte. Les formations se poursuivront jusqu'en février.
On estime que 98% des femmes subissent du harcèlement dans la rue, un jour ou l'autre. Ces formations sont donc cruciales, car la loi Sexisme est encore trop méconnue. L'adjoint au directeur judiciaire admet lui-même avoir posé la question à ses propres filles. "Elles m'ont dit 'Ne sois pas naïf papa, ça nous arrive tous les jours", a expliqué Jean-Luc Haentjens.
Les policiers et policières de zone sont aussi formés à accueillir adéquatement les femmes qui souhaitent porter plainte. Selon les derniers chiffres, 98% des femmes subissent des faits de harcèlement de rue.
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