Environ 90 activistes ont bloqué ce matin le chantier de la prison de Haren, en région bruxelloise. Ils ont empêché les ouvriers de venir travailler sur le site. Ils considèrent que la prison détruit la démocratie et la nature. RTL INFO était sur place.
Environ 90 personnes bloquaient, à l'aube, le chantier de la maxi-prison de Haren. Ce matin, les ouvriers n'ont pas pu commencer à travailler. Au total, la police, qui a procédé aux premières arrestations sur un des points de blocages peu avant 08h00, a arrêté 80 activistes, a précisé vers 11h45 Ilse Van de keere, la porte-parole de la police de Bruxelles-Ixelles en fin d'opération.
"Je ne peux pas le quitter, sauf si l'unité spéciale arrive"
Cinq points de blocage ont été mis en place aux entrées du chantier. Les activistes se sont reliés entre eux par des tubes et attachés aux grilles ainsi qu'à des dispositifs en béton au sol. "J'ai un bras qui est relié, dans une tube, à une chaîne et à un cadenas dont on a jeté la clé. Donc je ne peux pas le quitter, sauf si l'unité spéciale arrive", explique Félix, au micro de notre reporter Clémence Kreit. Différentes banderoles ont été déployées, affichant notamment le message "Stop maxi-prison de Haren now". Une fanfare était aussi prévue.
Selon les activistes, aucune altercation avec les ouvriers n'a eu lieu. La police était rapidement sur les lieux, mais elle est repartie pour revenir vers 07h15. "C'est une action de non violence active", explique l'un des participants. "Il est temps d'arrêter de détruire la démocratie, les gens et la nature. La méga-prison est un symbole de cette destruction. Passons à autre chose".
Un processus "anti-démocratique, tout le long"
Les activistes exigent l'arrêt immédiat des travaux. Ils estiment qu'une augmentation du nombre de places dans la prison entraîne simplement une hausse du nombre d'incarcérations et ne résout en rien la surpopulation carcérale et la récidive. L'action "Stop Maxi-Prison Now!" prône la fin du système carcéral et déplore les coupes de subsides dans la justice et les alternatives à l'emprisonnement. "C'est quand même le bétonnage de 19 hectares de terre arable, et aussi tout le processus qui a été anti-démocratique tout le long, encore maintenant, alors qu'il y a encore un recours au conseil d'Etat, et que l'auditrice a remis un avis favorable pour l'annulation des permis d'urbanisme et d'environnement, et ils décident d'avancer les travaux de fondation et de bétonnage du terrain", explique Marie.
"Ils font le boulot que d'autres ne font pas, donc j'ai le plus grand respect et la plus grande admiration pour tous ces gens qui se mouillent, qui n'ont pas peur", dit une dame qui dit ne pas être du coin mais qui soutient l'action.
Les constructeurs veulent-ils entraver la décision en justice?
Les travaux ont débuté fin janvier. La première auditrice du Conseil d'État a dernièrement rendu un avis favorable à l'annulation des permis d'urbanisme et d'environnement. Les participants dénoncent l'empressement des constructeurs à bétonner le terrain du Keelbeek en réaction, afin de devancer la décision finale du Conseil d'État. Il s'agit pour eux d'un déni de la démocratie et d'un passage en force. "Si même la justice n'arrête pas de tels projets non démocratiques, que reste-t-il à part nos corps?".
Ils déplorent encore l'atteinte à plus de 19 hectares de terres arables et à sa biodiversité alors que l'urgence climatique est au centre des préoccupations.
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