Une vaste opération policière a été menée ce samedi dans la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean. Cinq personnes ont été arrêtées. On apprend également ce dimanche que deux auteurs des attaques de Paris habitaient la Région bruxelloise (Bruxelles-ville et Molenbeek). La bourgmestre de la commune, Françoise Schepmans, était l'invitée de l'édition spéciale du RTLinfo 13H. Caroline Fontenoy l'a interrogée sur les problèmes de radicalisme vécus à Molenbeek, et sur les pistes pour résoudre ce phénomène.
Molenbeek est qualifié de "nid de terroristes" par notre spécialiste en terrorisme Dominique Demoulin. En effet, presqu'à chaque fois qu'un attentat terroriste a lieu ou est déjoué, Molenbeek revient. Le terroriste du Thalys, El Khazzani, y avait trouvé ses armes. Idem pour Coulibaly qui les a trouvées à Bruxelles, dans l'affaire Charlie Hebdo. Mehdi Nemmouche a séjourné à Molenbeek dans le quartier où se déroulent les perquisitions. Plus loin dans le temps, il faut encore signaler que l'un des commanditaires des atentats de Madrid y aurait séjourné peu de temps avant de les perpétrer, sa famille vivait alors à Molenbeek. Enfin, des départs étaient organisés vers la Somalie depuis un salon de coiffure de la commune.
Ce dimanche, la bourgmestre de la commune, qui a succédé à Philippe Moureaux en 2012, a répondu aux questions de Caroline Fontenoy dans le RTLinfo 13H.
Molenbeek: l'échec du vivre ensemble et de l'intégration?
Françoise Schepmans dresse plusieurs causes aux problèmes de radicalisme à Molenbeek. "On a assisté au cours de ces dernières décennies à un repli identitaire, un repli religieux. Puis, avec les évènements internationaux, à un fondamentalisme qui s'est parfois transformé en radicalisme violent", explique-t-elle.
"Je pense que les autorités n'ont pas suffisamment pris la mesure de ce phénomène. Et le politique n'a pas assuré l'intégration et l'accueil des personnes d'origines étrangères. Certains sont restés en marge de la société", affirme Françoise Schepmans.
La faute à Philippe Moureaux, l'ancien bourgmestre?
La bourgmestre refuse cependant de revenir sur le passé et ne jette pas la pierre sur son prédécesseur socialiste, Philippe Moureaux. "Je ne me penche pas sur le passé par rapport à des personnes. Il y a eu des responsabilités qui se sont faites à différentes niveaux", dit-elle. "Ce qui est fondamental aujourd'hui c'est que tous les partis politiques reconnaissent qu'il y a eu des difficultés, ce qui n'était pas le cas avant", explique Françoise Schepmans.
La bourgmestre revient à nouveau sur le principe de collaboration. "Il faut travailler ensemble pour arrêter définitivement ces situations que nous connaissons. Il y a quand même un consensus pour moi au niveau de la classe politique et des acteurs sociaux pour dire que ça suffit, pour prendre nos responsabilités et agir", ajoute-t-elle.
La bourgmestre se réjouit de l'intervention du fédéral
Suite aux déclarations de Jan Jambon, et aux arrestations qui ont eu lieu dans sa commune, Françoise Schepmans se réjouit de l'intervention du fédéral. "C'est tant mieux que l'on puisse mener ces opérations. Et quand j'entends Jan Jambon qui dit qu'il va s'occuper de Molenbeek, je pense que c'est au fédéral à prendre sa responsabilité par rapport à ces actions de radicalisme", confie la bourgmestre.
Françoise Schepmans se réjouit également de la coordination qui se met en place entre local et fédéral. "Aujourd'hui, l'autorité administrative et la police sont informées de toutes les actions qui sont menées par le fédéral sur le territoire de la commune", confie-t-elle. "Et la collaboration en termes d'information est beaucoup plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'était par le passé", ajoute-t-elle.
Que faut-il faire à Molenbeek?
La bourgmestre de Molenbeek a rappelé le travail effectué. "Ça fait deux ans que nous travaillons dans la prévention et la sécurité, avec une cellule contre le radicalisme, avec des éducateurs qui sont sur le terrain. Avec aussi des formations pour nos acteurs sociaux et éducatifs. Et puis nous avons des contacts avec les familles", explique Françoise Schepmans.
Elle a ensuite dressé la liste des mesures qu'elle estime nécessaires. "Il y a des lieux et des personnes qui sont des vecteurs de radicalisation. Je dispose aujourd'hui de la liste des lieux difficiles à Molenbeek par rapport à ce phénomène. Je ne les ai eu il n'y a que quelques mois. Il aurait été intéressant de les avoir plus tôt", répond Françoise Schepmans. "Ces lieux doivent être surveillés, si c'est nécessaire il faut fermer certains lieux de rencontre, il faut appréhender les personnes qui portent des discours de haine", énumère la bourgmestre. "Il faut être proactif, et ce n'est qu'avec les évènements internationaux que nous avons pris la mesure du danger", estime-t-elle.
Rappel: une des personnes arrêtées à Molenbeek a loué une voiture utilisée dans les attentats de Paris
Un homme qui avait loué une voiture Polo (de teinte noire ou grise selon les sources - photo) identifiée devant le Bataclan à Paris a été interpellé samedi à Molenbeek-Saint-Jean au cours d'une perquisition, a indiqué le ministre de la Justice Koen Geens. Les autorités belges ont pu identifier la personne qui louait la voiture, via son frère qui est fiché en Belgique. "Il y avait une crainte évidente qu'il pourrait y avoir un lien avec ce qui s'est passé à Paris. Il y avait presque trop de coïncidences pour que ce ne soit vrai. Nous ne savons cependant pas si cette personne a effectivement été impliquée dans les attentats. Pour ce que l'on sait, elle est toujours en vie", a déclaré Koen Geens sur la VRT. Selon les autorités françaises, il s'agit d'un homme de nationalité française, mais domicilié en Belgique. Il a été contrôlé ce matin à la frontière belge avec deux autres personnes à bord d'une voiture qui n'est pas cette Polo. Le Premier ministre Charles Michel, présent sur le plateau du RTLINFO 19H, a confirmé cette information.
Cinq personnes arrêtées à Molenbeek
Ce dimanche, la bourgmestre de la commune, Françoise Schepmans, indiquait que cinq personnes avaitent été arrêtées samedi. Selon elle, "on peut envisager qu'il s'agit d'un réseau". Le parquet fédéral n'a pas souhaité communiquer. L'une de ces personnes a été interpellée sur la commune bruxelloise alors qu'elle prenait la fuite. Le parquet a refusé de dire si ces personnes arrêtées sont connues des services de renseignement belges.
Les personnes interpellées seront interrogées par des enquêteurs en terrorisme de la police judiciaire fédérale dans le courant de la soirée et de la nuit. Elles pourraient être présentées dimanche à un juge d'instruction. Le parquet fédéral pourrait à nouveau communiquer dimanche en fonction du déroulement et de la situation de l'enquête.
Vos commentaires