A Saint-Josse, en région bruxelloise, des affiches font polémique. Des avis de fermeture placardés par la commune sur des lieux de prostitutions jugés non-conformes. Le problème, c'est que sur ces affiches figurent aussi certains renseignements comme le nom des prostituées ou leur origine. Ce qui pourrait, selon certains, les mettre en danger.
La commune de Saint-Josse maintient la cap dans son programme de reprise en mains multisectoriel du quartier nord, en ce compris par l'instauration, en mars, de son nouveau règlement en matière de prostitution qui prévoit notamment la fermeture obligatoire des carrées à partir de 23h00 et le dimanche, ainsi qu'une nouvelle taxe annuelle, a indiqué lundi son bourgmestre, Emir Kir (PS), faisant le point sur ces dossiers. Ce nouveau règlement mis en place, de l'aveu du bourgmestre, pour améliorer la qualité de vie dans le quartier et lutter contre la traite des êtres humains fait l'objet de recours devant le Conseil d'Etat de la part de prostituées et de propriétaires de carrées. Son entrée en vigueur n'est pas remise en cause pour autant.
Concentrer ses effort de prise en charge du quartier nord trop longtemps délaissé
Globalement la commune la plus petite de la Région bruxelloise en superficie (1,14 km2) a décidé de concentrer ses effort de prise en charge du quartier nord trop longtemps délaissé. M. Kir a ainsi mis en exergue l'aménagement en cours des espaces publics (place Rogier et Saint-Lazare) avec l'aide de la Région; la création de nouveaux équipements (nouveau commissariat, nouvelles crèche et maison des enfants); une décentralisation du service de prévention et le doublement de celui services de propreté; et des intervention accrues dans le quartier pour lutter contre les trafic d'armes, de drogue et les marchands de sommeil, mais aussi contre la traite des êtres humains.
Que risquent les prostituées?
Quasi tous les établissements et carrées présents dans le quartier ont fait l'objet d'un contrôle. Au cours des six derniers mois, il y a eu 25 opérations policières, des contrôles dans les cafés, et les bars ainsi que plus de 100 contrôles de carrées de prostitution. Des mesures ont été prises dans une quarantaine de cas liés à l'absence de certificat de conformité que la prostituée (et non le propriétaire) doit être en mesure d'exhiber et à des refus de contrôle. Ces infractions sont passibles de retrait du certificat de conformité à la personne exerçant son activité, par exemple en cas de sous-location et de la fermeture provisoire pour une durée de trois mois si la personne exerçant son activité dans la carrée ne peut être identifiée.
L'erreur corrigée?
La section Ecolo de la commune a dénoncé la mention du nom et de la nationalité de la prostituée sur l'affiche que le propriétaire doit apposer aux yeux du public dans pareil cas. "Le fait de mettre le nom, de notre point de vue met en danger les prostituées. Le fait de mettre l’origine nationale stigmatise des communautés et le fait de mettre qu’elles soient légales ou illégales sur le territoire n’apporte rien comme information pour la population", a indiqué Ahmed Mouhssin, conseiller communal Ecolo, au micro de Benoït Duthoo pour le RTLinfo 13H. Selon Emir Kir, il s'agit d'une erreur matérielle lors de l'impression dont les effets ont été corrigés au cours des dernières heures. Le département juridique avait explicitement demandé que ces éléments ne soient pas mentionnés sur l'affiche publique, mais sur le document adressé au propriétaire.
"Nous avons fait le total, ça va nous coûter, à chaque femme, 10.000 euros"
Chaque prostituée doit avoir un nouveau certificat de conformité, payer 2.500 euros et une taxe annuelle qui passe de 900 euros à 3.000 euros. Le nouveau certificat sera délivré dans un délai de 180 jours. "Quand il dit qu’il ne veut pas nous faire partir, l’objectif est de nous faire partir, parce que quand on fait la demande pour le certificat de conformité, rester fermer 180, ce qui fait six mois, nous nous devons payer notre loyer, plus le loyer de notre privé. En tout et pour tout, nous avons fait le total, ça va nous coûter, à chaque femme, 10.000 euros", a expliqué Marie, une prostituée.
Dès le 1er mars, les lieux de prostitution devront être fermés la nuit et le dimanche. Émir Kir affirme ne pas vouloir tuer la prostitution, mais améliorer le cadre de vie dans le quartier et lutter contre la traite des êtres humains. Plusieurs prostituées accompagnées d’associations ont décidé de saisir le Conseil d’État pour casser cette nouvelle législation. Elles reprochent au bourgmestre de s’en prendre à elles sans apporter de solution aux ventes d’armes et de drogue qui minent le quartier.
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