Le personnel soignant a été en première dès le début de cette épidémie. Infirmières et médecins ont vécu une année 2020 éprouvante tant physiquement que psychologiquement. Une de nos équipes a passé le réveillon au cœur des soins intensifs de l’unité Covid de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles. L’occasion pour ces infirmiers de revenir sur ces mois très intenses et d'évoquer aussi leurs espoirs pour 2021.
Eric Kerels est infirmier en chef au CHU Saint-Pierre de Bruxelles. Le Réveillon du Nouvel An, il passe avec plusieurs collègue au sein de l'établissement hospitalier. L'occasion de revenir sur l'année 2020: "C’est une année horrible. Je n’ai jamais connu ça en 33 ans de carrière. On n'est jamais préparé à cela." Éric termine sa journée avec une dernière visite, le temps de poser des gestes médicaux sur une patiente plongée dans le coma. Des gestes loin d'être devenus une routine. "Je veux vous piquer dans le doigt", indique Éric à la patiente inconsciente. "A demain, je viens demain!". Eric fait savoir: "Quand je soigne un patient qui est dans le coma, comme cette dame, je lui parle. C'est important de pouvoir lui dire ce qu'on fait. On n'est pas à la chaîne." La première vague a mobilisé toutes les forces vives de l'hôpital. La seconde se montre particulièrement mortelle. Le personnel s'accroche et résiste. "Les gens sont épuisés. J'ai des jeunes collègues qui ont commencé il y a deux ans et qui sont déjà fatigués de leur profession. Ils ne s'attendaient pas en début de carrière à travailler de la sorte."
Des débuts dans la profession inoubliables
Louis a 25 ans. Le métier d'infirmier pour lui est une vocation. Mais face à l'ampleur de la pandémie, le jeune infirmier se sent impuissant. "J'ai été découragé. Pas pendant la première vague, mais en septembre. On était vraiment seuls. Le Covid n'existait plus pour toute la population. Nous, nous étions encore confrontés à des cas de Covid. J'avais l'impression d'être seul face à ce Covid. Si je me compare à mes copains, le nombre de morts que j'ai déjà vu est considérable. Les histoires tristes aussi. C'est compliqué."
Ca me fait plaisir d'être là
Christelle vit son premier Réveillon au sein de l'unité Covid. Etre au service des patients, la raison d'exister pour ces professionnels de la santé. "En même temps, ça me fait plaisir d'être là, pour ceux qui n'ont pas de famille." Christelle souhaite "une bonne année" avant de quitter la chambre de la patiente dont elle se charge.
Des remerciement de toute forme
La reconnaissance des malades sortis de l'hôpital se traduit par des dessins ou de petits mots de remerciements. Des cadeaux arrivent aussi au personnel.Karine est infirmière. En ouvrant le réfrigérateur, elle dévoile un repas emballé avec soin dans un sac. "C'est un patient qu'on a eu à la première vague, au mois de mars. Ce monsieur est restaurateur. Il est très reconnaissant d'être sorti des soins intensifs. Il nous offre des repas pour Noël et le Nouvel An." 2020 s'efface au profit de 2021. Entre la crainte d'une troisième vague et l'espoir d'une vaccination massive et efficace. Ces blouses blanches restent mobilisées: "Je pense qu'il faut essayer de tenir le coup juste pour passer cette troisième vague si elle arrive et qu'après on verra l'horizon et le bout du tunnel", fait savoir Karine. L'espoir d'une vie d'avant, lui, est intacte: "Des retrouvailles et une vie sociable en 2021. Cela a manqué", conclut le jeune infirmier Louis.
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