3 ans après les attentats du 22 mars, les familles des victimes vont pouvoir consulter le dossier d'enquête. C'était l'une des demandes de l'association des victimes. Normalement, les parties civiles ne peuvent pas avoir accès au dossier avant la fin de l'enquête. Un reportage de Dominique Demoulin et Maxime Simon.
"C'est la première fois que les juges d'instruction, les greffes du tribunal de première instance et le parquet fédéral fournissent ensemble un tel effort pour rendre le dossier accessible et consultable par les parties civiles", a déclaré Eric Van Duyse, porte-parole du Parquet fédéral. C’est donc une première dans l’histoire judiciaire belge. À partir du début du mois d’avril, 20 ordinateurs seront mis à la disposition des victimes qui souhaitent consulter, mais seulement consulter, l’impressionnant dossier de l’instruction toujours en cours.
"Elles peuvent avoir accès à tout le dossier, donc de la première à la dernière feuille. Tous les écrits et les photos", a expliqué Pascale Preud'Homme, assistante de Justice, accueil des victimes de Bruxelles.
Cela représente 6 200 procès-verbaux (contre 2000 seulement pour l’attentat au musée juif), 140 cartons, une traduction prévue en 8 langues. C’est dans un labyrinthe que pénétreront les victimes. "Les pièces du dossier ont été faites avec le but d'avoir une procédure judiciaire et non pas pour expliquer aux victimes ce qui s'est passé. Donc on est persuadé que les pièces sont très compliquées et très lourdes à lire, mais c'est important de comprendre tout le lien qu'il y a entre le 22 mars et toute cette cellule qui s'active autour", a précisé Philippe Vansteekiste, président de l'association des victimes des attentats.
Aujourd'hui, on dénombre 600 victimes. Certaines n’ont pas encore guéri de leurs blessures, d’autres cherchent désespérément à comprendre pourquoi leur vie a basculé le 22 mars 2016. Toutes ont été informées de la possibilité d’accéder au dossier. Une centaine d’entre elles ont marqué leur intérêt.
"J'ai une victime qui m'a dit : ' Inscrivez-moi sur la liste, car oui, je suis intéressée, mais je ne peux pas vous dire, parce que pour le moment...'. Et rien qu'à la manière dont elle parlait, on sentait l'émotion qui remontait parce que, oui, il y a les photos, mais les textes aussi peuvent être très durs. Ce qui a été dit peut-être très dur. Et donc, c'est vraiment se replonger dans quelque chose qui est difficile", a ajouté Pascale Preud'Homme, assistante de Justice, accueil des victimes de Bruxelles.
Cette lecture du dossier pourra aussi déboucher sur une demande de devoirs complémentaires.
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