Deux jeunes hommes sont venus de Molenbeek au volant d'une Golf 3 dans la nuit de vendredi à samedi pour aller chercher Salah Abdeslam, le présumé terroriste, à Paris. Savaient-ils que leur ami avait participé aux attentats ? Ce transport était-il prévu ? Selon des témoignages d'amis de ces deux personnes recueillis par le magazine Nouvel Observateur, ces derniers ne savaient rien et ont reçu un coup de fil inattendu vendredi soir. Lundi soir, Salah Abdeslam restait introuvable.
Dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après les attentats, deux jeunes hommes quittent Bruxelles pour Paris. Ils roulent au volant d'une Golf pour aller embarquer un ami, Salah Abdeslam, qui a appelé l'un d'eux depuis la capitale française. Sur le chemin du retour, vers 9h du matin, ils sont contrôlés par la police française à hauteur de Cambrai, dans le Nord. Les papiers des trois hommes sont présentés aux agents qui les laissent repartir. À cet instant, Salah Abdeslam, terroriste présumé ayant participé aux attentats quelques heures plus tôt, n'est pas encore fiché dans l'Hexagone, alors qu'il l'est un peu plus haut, en Belgique. Et son visage n'a pas encore été diffusé par la police et les médias dans lesquels on le qualifie déjà d'"ennemi public n°1".
Mais ce n'est pas lui qui nous intéresse ici. Ce sont ses deux compagnons de voyage, ceux qu'on a appelés les "convoyeurs". Etaient-ils ses complices? Leur rôle avait-il été déterminé et planifié? Le magazine français Le Nouvel Obs a interrogé des camarades de ces hommes. Et selon eux, la réponse aux deux questions est "non": ces derniers ne savaient rien. "Il n’y avait pas de logistique, rien. Il a appelé ses copains, qui se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment", a déclaré un des camarades au Nouvel Obs.
Nous sommes vendredi soir, une quinzaine de jeunes sont regroupés devant le bar Les Béguines, café tenu par Brahim Abdeslam, 31 ans, le frère de Salah et l'un des kamikazes de vendredi soir qui a fait exploser sa ceinture explosive devant un bar dans l'est parisien, blessant grièvement une personne. Le café a été fermé une dizaine de jours plus tôt pour consommation de stupéfiant dans son enceinte, lire notre article.
Il est environ 22h lorsque, selon le témoignage d'un des membres du groupe questionné par le Nouvel Obs, un des plus jeunes reçoit un appel de Salah. Celui-ci lui aurait demandé d'aller le prendre à Paris. "Est-ce que tu sais me dépanner, venir me chercher à Paris ? Je te paie les péages et l’essence", aurait proposé Salah Abdeslam. Son jeune interlocuteur ne dispose pas de voiture. C'est là qu'interviendrait alors Mohamed Amri, un des sept suspects arrêtés samedi à Molenbeek et qui a été inculpé ce lundi (un autre individu a été inculpé, les 5 autres interpellés ont été relâchés, dont le 3ème frère Abdeslam, Mohamed qui s'est expliqué devant nos caméras, lire l'article et voir la vidéo). Présent parmi la quinzaine de jeune, Mohamed Amri dispose d'une Golf. Lui et le destinataire de l'appel auraient alors démarré pour Paris un peu plus tard. Le Nouvel Obs indique qu'il a bien été établi que le duo avait franchi la frontière belgo-française vers 3 heures du matin.
On ne sait pas si Salah s'est confié à ses convoyeurs. On sait par contre que ceux-ci ont été arrêtés dans Molenbeek samedi après-midi, à hauteur de la station de métro Osseghem. Selon le Nouvel Obs, ils avaient traîné dans leur quartier toute la journée, comme d'habitude. Quant à Salah Abdeslam, lui, il court toujours. Se déplaçant à bord d'une Seat, le fugitif est suspecté d'avoir ouvert le feu à la kalachnikov avec son frère Brahim sur des gens attablés à des terrasses et restaurants dans plusieurs lieux de Paris. Mais, alors qu'au bout de cette folle équipée, son aîné s'est fait exploser, comme 6 autres kamikazes en d'autres endroits, Salah a décidé de rentrer à Bruxelles. La Seat, funèbre souvenir d'une nuit de cauchemar, a été retrouvée dans une rue parisienne avec plusieurs armes à l'intérieur.
Selon la Dernière Heure ce matin, ces deux chauffeurs, qui selon leurs amis n’étaient au courant de rien, seraient en réalité les artificiers des ceintures explosives avec lesquelles les kamikazes se sont fait exploser à Paris.
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