La cour d'assises de Bruxelles a ordonné, mardi vers midi, l'internement de Youssouf Bah, reconnu coupable lundi soir par le jury de coups et blessures volontaires sur son frère, ayant entraîné la mort de celui-ci sans intention de la donner. Début mars dernier, l'expert psychiatre a réexaminé Youssouf Bah et a conclu qu'il était atteint de schizophrénie paranoïde.
La cour d'assises ordonne l'internement de Youssouf Bah, coupable d'avoir involontairement tué son frère. L'avocate générale avait estimé qu'il n'y avait pas lieu de prononcer une peine de prison à l'encontre du coupable, compte tenu de la réponse affirmative des jurés à la dernière question. Ceux-ci ont en effet affirmé qu'il ressortait de deux rapports de psychiatres que Youssouf Bah souffre actuellement d'un trouble mental grave altérant son discernement.
Les avocats de la défense, Me Aurore Devillez et Me Edouard Huysmans, ont plaidé dans le même sens.Les trois magistrats de la cour et les douze jurés sont ensuite entrés en délibération et doivent notamment déterminer si les conditions pour l'internement sont remplies.Si la cour prononce effectivement cette mesure - ce qui fait peu de doutes - c'est ensuite la chambre de protection sociale qui déterminera le lieu de placement de Youssouf Bah.Ce dernier, un Sierra-Léonais de 22 ans, avait poignardé son frère aîné, Ibrahim Bah, le 30 décembre 2017 à Schaerbeek.
La victime, âgée de 24 ans, était décédée à l'hôpital.Les premiers éléments d'enquête avaient permis de comprendre que Youssouf Bah avait donné trois coups de couteau à son frère dans l'appartement familial, situé à quelques mètres du commissariat de police de l'avenue Georges Rodenbach à Schaerbeek, jusqu'où la victime avait rampé. Les faits s'étaient passés sous les yeux des petits frères et soeur de l'accusé et de la victime, âgés de 7, 10 et 13 ans.
Il souffre de schizophrénie paranoïde
D'après les témoignages de ceux-ci, leur grand-frère Ibrahim était arrivé à l'appartement vers midi, avait mangé puis était allé dire à leur autre grand-frère, Youssouf, de se réveiller, de ranger sa chambre et de faire la vaisselle. Une bagarre avait ensuite éclaté entre eux. Les enfants, qui se trouvaient au salon, avaient affirmé avoir entendu des bruits de coups provenant de la chambre de Youssouf, puis avoir vu ce dernier donner un coup de couteau à Ibrahim avant de le pousser dans les escaliers.Les membres de la famille Bah avaient tous déclaré qu'ils n'avaient jamais vu les deux frères se battre, et même que l'entente entre eux était bonne. Les deux garçons sont issus d'un premier mariage de leur père en Sierra Leone.
Ce dernier s'était ensuite remarié en Belgique et avait eu trois autres enfants. Deux rapports d'expertise mentale affirment qu'à l'heure actuelle Youssouf Bah souffre de schizophrénie paranoïde. Il a été transféré, en novembre dernier, à l'annexe psychiatrique de la prison de Saint-Gilles où il avait été incarcéré après les faits. En janvier 2018, l'expert psychiatre qui l'avait vu avait conclu qu'au moment des faits il n'était pas dans un état mental ayant gravement aboli son discernement, mais avait admis que certaines caractéristiques de son comportement posaient question.
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