Ce lundi, le procès d'Yvo Theunissen débute devant les Assises du Limbourg, à Tongres. Ce Néerlandais de 40 ans est accusé d'avoir tué le policier Amaury Delrez, la nuit du 25 au 26 août 2018, dans le centre de Spa. Un procès qui aurait dû se tenir à Liège mais qui été déplacé en Flandre à la demande de l'accusé, pour qu'il se déroule en néerlandais. Yvo Theunissen devra aussi répondre de tentative de meurtre sur un des collègues d'Amaury.
Le procès du Néerlandais Yvo Theunissen, qui est accusé d'avoir tiré mortellement sur le policier Amaury Delrez le 26 août 2018 à Spa, s'ouvre ce lundi devant la cour d'assises de Tongres. 46 témoins s'exprimeront lors du procès. Le jury est composé de 12 personnes, tirées au sort : 6 hommes et 6 femmes.
L'accusé, originaire du Limbourg, se trouvait à Spa le 25 août 2018 avec son frère et un ami pour assister au Grand Prix de Formule 1 de Francorchamps. Ce soir-là, les trois hommes s'étaient battus dans un bar, et un portier avait repéré qu'ils possédaient une arme à feu. Arrivés sur les lieux, les policiers ont aperçu un taxi prendre la fuite. Une équipe, composée d'Amaury Delrez et d'un collègue, a arrêté le véhicule pour le contrôler. Amaury Delrez s'est placé à la droite du véhicule et a ouvert la portière passager, ordonnant aux occupants de sortir. Le frère d'Yvo a été retenu dans la rue par le policier. Alors que ce dernier était accroupi, l'accusé a sorti une arme à feu et a abattu l'agent. 5 coups de feu ont été tirés. Atteint à la tête, Amaury n'a pas pu être sauvé.
Après une chasse à l'homme de plus de 7 heures, Yvo T. a finalement été retrouvé dans une maison de vacances des environs. L'accusé avait lui-même subi des blessures légères, le collègue d'Amaury Delrez ayant riposté. L'arme à feu n'a pu être retrouvée.
Le procès initialement prévu à la cour d'assises de Liège a finalement été transféré à Tongres pour pallier la barrière de la langue. Ce qui est "une frustration" pour la famille, selon leur avocat. "Le fait que le procès ait lieu en néerlandais est une difficulté, et même une frustration pour ma cliente. Ce sera évidemment différent, plus difficile à suivre. Mais c'est la loi, c'est le droit de l'accusé d'être jugé dans sa langue à partir du moment où il parle une autre langue nationale. Ma cliente le respecte", note Me Dimitre De Béco.
Yvo Theunissen est aussi poursuivi pour tentative d'homicide de Ghislain, un collègue d'Amaury Delrez. Le Néerlandais avait tiré sur l'agent alors qu'il était allé se cacher derrière un arbre.
En attente de réponses
Le collègue de la victime, ses parents et la zone de police de Spa sont représentés par Me Gino Houbrechts et Me Alexandre De Fabribeckers. Me Dimitri De Béco défend les intérêts de l'épouse et des trois enfants du policier. "Leur intérêt, c'est simplement que justice soit rendue. Ils ne sont pas animés par un esprit de vengeance, mais ils ont besoin que cet homme soit reconnu coupable. Sa culpabilité ne fait d'ailleurs aucun doute, il ne la conteste pas vraiment. Et aussi, qu'il soit sanctionné à la mesure de la gravité de ce qu'il a commis et des dégâts causés, même si c'est un débat dans lequel nous n'interviendrons pas", explique Me Dimitri De Béco.
"A côté de cela, ils ont aussi besoin de savoir pourquoi. Pourquoi cet homme a abattu - parce que c'est vraiment cela - leur mari, leur père qui faisait simplement leur travail. L'accusé a toujours dit ne pas se souvenir, ne pas pouvoir expliquer... Ce que nous avons du mal à croire. L'attente de mes clients, elle est surtout pour le premier jour du procès, lorsque l'accusé prendra la parole. Ils espèrent - et je l'espère aussi - qu'il en dira plus, qu'on aura un peu plus d'explications. Mes clients en ont besoin, tout simple", poursuit l'avocat de la famille.
Ken Witpas représentera le ministère public, tandis qu'Yvo T. est défendu par l'avocat Sven Mary. "Il est confronté à certaines déclarations, que ce soit de son frère, de son meilleur ami, de témoins et je pense que ça élucide beaucoup de choses, en tout cas, qui semblaient être nébuleuses dans sa tête à un certain moment. Mais aujourd'hui, le temps est arrivé d'expliquer les choses, de prendre ses responsabilités et c'est ce qu'il veut faire", a expliqué Sven Mary.
Le procès, durant lequel 46 témoins seront entendus, devrait durer une semaine.
Un procès pour cause plus grande
À la veille de l'ouverture du procès, deux syndicats policiers (CGSP Police et SNPS) ont appelé à ce que ce procès serve une cause plus grande, à savoir celle de la violence faite aux policiers.
"Ce procès est très important pour notre profession, car il met en évidence les violences faites aux policiers et les réalités quotidiennes auxquelles nous sommes confrontés. Une circulaire ministérielle est par ailleurs en cours d'élaboration, en concertation avec les organisations syndicales", a communiqué dimanche la CGSP Admi.
Alors que les policiers ont été invités à ne pas se présenter en uniforme "afin de garantir la sérénité des débats", le syndicat socialiste CGSP fait part de son incompréhension et de sa colère. "C'est bien un policier qui a été abattu en faisant son travail. Pourquoi dès lors doit-on se cacher d'une profession que nous exerçons au profit de l'état ?", s'interroge Eddy Quaino, permanent CGSP Police. Le représentant syndical socialiste précise toutefois que les policiers se plieront à la demande de l'autorité judiciaire et seront présents au procès en civil.
Les syndicats policiers ont par ailleurs tenu à rappeler leur soutien à la famille d'Amaury, à son binôme Ghislain, à leurs proches ainsi qu'à leurs collègues.
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