Ce dimanche 28 février, les associations Animaux en Péril, la S.P.A La Louvière, Equi’chance, Tabula Rasa et Help Animals sont intervenues en début de soirée pour secourir une vingtaine d’animaux d’une situation "dramatique".
Dans un communiqué, elles indiquent que la police a constaté la maltraitance manifeste à la suite d’une alerte lancée par une habitante du quartier.
En découvrant les conditions de vie épouvantables dans lesquelles les animaux vivaient, les autorités ont ordonné la saisie des animaux encore vivants: 2 chevaux, 3 poneys, 3 moutons, 3 chèvres, 2 agneaux, 1 poule, 4 chats et 1 chien.
Sur place, les équipes des cinq refuges ont été "abasourdies" en découvrant une "scène d’horreur" au sein d’un quartier du village de Strépy-Bracquegnies.
"De l’extérieur, le constat était déjà édifiant. Deux chevaux et trois poneys erraient dans un terrain maculé d’excréments avec pour seul abri une serre en toile trouée. Sans possibilité de s’abreuver ni de se nourrir autrement qu’avec du fourrage moisi, ces animaux dépérissaient littéralement. Alors que quatre chats déambulaient dans cette parcelle parsemée d’immondices, l’unique chien présent sur place était lui détenu dans une cage en bois", raconte Sophie Locatelli, vice-présidente pour Animaux en Péril.
Des dizaines d'animaux déjà morts
Les Asbl ont aussi découvert un abri de fortune dans lequel se trouvaient les chèvres, les moutons et leurs agneaux. "Sans possibilité de sortir, les ovins et caprins sont prisonniers de cette geôle en piteux état", indique Animaux en Péril.
"L’horreur atteint son paroxysme quand les soigneurs professionnels des refuges découvrent que ces derniers piétinent plusieurs cadavres de leurs propres congénères. Quelques-unes de ces dépouilles sont récentes, mais d’autres sont dans un état de décomposition avancé. Enfin, en soulevant des palettes, un membre de l’équipe révèle le cadavre d’un cochon.
"Bien évidemment, une odeur pestilentielle émanait de ce cloître à cause de la décomposition des cadavres et des restes d’animaux éparpillés sur place. Une tête de cochon coupée laisse à penser que le propriétaire procédait à des abattages illégaux au sein de sa propriété. "
"Pour terminer, les forces vives présentes sur place retrouvent une poule encore vivante, seule rescapée de ce qui restait d’un poulailler."
Les associations ont aussi donné des nouvelles des rescapés "en très mauvais état"
"L’état sanitaire global est alarmant pour les animaux pris en charge par les différents sanctuaires présents lors de l’intervention. Les victimes souffrent d’une infestation importante de parasites.
La robe (toison) des équidés est ravagée par la vermine (gale) au point qu’un cheval souffre d’une grave dépilation. Pour l’autre cheval, son pelage n’est plus qu’une immense croûte de boue séchée. Ces chevaux, ainsi que les ovins sont également rongés par la vermine interne, ce qui occasionne des diarrhées sévères.
La toison des moutons est également touchée par les parasites et se trouve dans un état abominable. À cause des fortes diarrhées dont ils sont sujets, leurs queues ne sont que des amas de déjections. Les ovins sont dans un état de cachexie, forme grave de maigreur qui entraîne la fonte des graisses, mais également la fonte des muscles.
Les moutons ont dû être portés par les soigneurs et bénévoles pour rejoindre les vans tant ils ne pouvaient pas marcher sans douleur. Les onglons des ovins adultes n’ont jamais été entretenus, leur longueur est impressionnante. De plus, leurs pieds sont attaqués par la maladie de piétin qui se traduit par un décollement des onglons, des saignements et des boiteries importantes.
Arrivés au refuge affamés et complètement déshydratés, les survivants de cet enfer se sont rués vers les abreuvoirs et la nourriture mise à leur disposition.
Maigres et épuisés après cette épreuve traumatisante, ils seront examinés par les vétérinaires dès le lendemain matin."
Aujourd’hui sauvés de ce terrible endroit, les animaux doivent se reposer et reprendre des forces.
Un propriétaire cynique
De ses propres aveux, le propriétaire n’en est pas à son coup d’essai. Concernant la destination finale des animaux, la décision revient au bourgmestre de La Louvière qui a deux mois pour confirmer que les animaux seront confiés aux refuges qui les ont pris en charge.
La police a dressé un procès-verbal pour infraction au Code wallon du Bien-être animal en raison d’actes de maltraitance manifestes. Le propriétaire pourra être poursuivi au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer le propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celui-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.
Vos commentaires